• Chapitre 6

    Chapitre 6

    ~POV de Théo

     

    Cela fait une semaine que j'ai quitté le pseudo mariage de Julian. J’avais besoin de digérer tout ce que j’avais appris. Je savais que son père était un homme froid et distant, il n’avait jamais un mot gentil ou un geste tendre envers Julian et je ne l’ai jamais vu rire ou sourire mais jamais je n’aurai cru qu’il était ce genre de monstre et que Julian vivait dans la peur à cause de lui.

    Je sais que je lui ai dit qu'il aurait pu m'en parler à l'époque mais qu'est-ce que j'aurai pu faire contre son père ? Je n'étais qu'un gamin et je n'avais pas l'étoffe d'un super héros, mais aujourd'hui je suis prêt à me battre pour lui !

    La sonnette retentit dans toute la maison et je reste figé. Personne ne sait où je suis, je donne juste des nouvelles de temps en temps pour rassurer Jacob et Damien. Il n’y a qu’une seule personne que j'attends !

    Je déglutis difficilement et me dirige vers la porte. J'hésite un instant à ouvrir, et si ce n'était pas Julian. Un second bruit de sonnette me donne le courage dont j'avais besoin, je chasse les pensées négatives et c'est le cœur battant que j'ouvre la porte.

    C'est lui. 

    Julian a le regard cerné et fatigué, lui qui est toujours rasé de près porte une barbe de trois jours et je sens qu'il n'a pas beaucoup dormi ces derniers temps.

    — Tu m'as trouvé ? lui demandé-je surpris.

    —  Bien sûr. Je savais que tu serais là !

    —  Rentre ! Nous avons beaucoup de choses à nous dire.

    Je ne lui saute pas dans les bras comme j’en ai envie, nous avons besoin de mettre les choses à plat et surtout d’aller étape par étape. Je vais dans la cuisine nous préparer deux tasses de café alors que Julian va s'asseoir dans le canapé. Je sens à sa tête qu’il va avoir besoin de sa dose de caféine pour avoir les idées claires et surtout rester éveillé et je ne me trompe pas. Quand je reviens vers lui, sa tête repose sur l'appuis-tête et ses yeux sont fermés. Il a l'air tellement paisible que j'ose à peine m'asseoir à côté de lui de peur de le réveiller. Je pose les deux tasses sur la table basse et lorsque je fais demi-tour pour le laisser dormir, une main attrape la mienne.

    —  Reste, me supplie-t-il. Je ne veux pas perdre plus de temps. si je ne te raconte pas tout maintenant j'ai peur que l'on en reste au même point.

    Je sens de la détresse dans sa voix pourtant c’est avec détermination qu’il me fait m’assoir à ses côtés sur le canapé.

    — Je ne sais plus vraiment quand je suis tombé amoureux de toi, commence-t-il. Mais mon cœur a commencé à battre plus fort dans ma poitrine lorsque je t’ai rencontré.

    Il reprend son souffle un instant, ses yeux regardent un point au loin comme s’il avait peur qu’en regardant ailleurs il perde le fil de ses pensées. Après un court instant, il continue son récit.

    —  Quand nous sommes devenus amis et que nous avons rencontré Jacob et Damien, je me suis enfin senti à ma place quelque part. Ça m'a vraiment fait bizarre parce que ça ne m'était jamais arrivé auparavant. Je vivais chaque jour l’un après l’autre sans vraiment me soucier de mon avenir. Je savais que de toute façon j’allais reprendre l’entreprise de mon père et qu’il avait une voie toute tracée pour moi.

    Sans me regarder, il rapproche sa main de la mienne pour accrocher son petit doigt au mien. Il faisait souvent ça lorsque nous étions plus jeunes et qu’il avait besoin de reprendre un peu de force alors je le laisse faire.

    —  Cette nuit près de la piscine a été la plus belle de toute ma vie, lorsque tu m’as rendu mon baiser, j’étais si heureux que c’était comme si des milliers de papillons avaient pris leur envol dans mon estomac. C’était effrayant mais tellement beau que je n’ai plus pensé à rien d’autre qu'à nous deux.

    Un frisson me parcourt l’échine en repensant à cette nuit-là. Nous avions décidé de fêter notre diplôme dans cette maison, nous avions trop bu et nous avions laissé libre court à nos envies. 

    — Je me souviens très bien de cette nuit-là, lui réponds-je. J’aurai voulu qu’elle ne se finisse jamais.

    — Je sais, me dit-il en me serrant la main. J’ai eu peur le lendemain matin, tout ce que j’avais vécu avec mon frère m’est revenu en pleine figure. Alors je t’ai repoussé. Je t’ai laissé croire que j’avais fait une erreur et que je ne ressentais rien pour toi et je me suis enfui. J’ai mille fois voulu faire marche arrière et revenir mais je ne pouvais pas. C’était comme si une main invisible me retenait loin de toi.

    — Je t’en ai tellement voulu ce matin-là. Quand tu es parti, je me suis effondré, sans Damien et Jacob, je ne sais pas ce que je serai devenu. On m’a souvent dit que le temps arrangeait tout et c’est vrai mais je n’ai jamais oublié ce que j’ai ressenti, cette haine viscérale contre toi et ce dégoût de moi-même.

    Une larme silencieuse coule sur mon visage. Julian pose la paume de sa main sur ma joue et l’essuie de son pouce avant de me serrer dans son étreinte.

    — Je suis tellement désolé. Je ne pourrais jamais effacer ce que je t’ai fait mais si tu es prêt à me laisser une chance, je ferai tout ce qui est possible pour que tu me pardonnes.

    — Je ne sais pas si je pourrais oublier ce qu’il s’est passé entre nous, mais je crois que je t’ai déjà pardonné lorsque tu m’as dit que tu voulais seulement me protéger. J’ai juste besoin de savoir ce qu’il va se passer pour nous maintenant.

    Je tombe des nues lorsque Julian me raconte ce que Jacob lui a dit sur son père. Je me demande même s’il est vraiment humain. 

    — Tu vas faire quoi ?

    — Je vais le confronter pour que Jacob puisse avoir des preuves solides contre lui. Je veux le faire payer pour tout le mal qu’il a fait à notre famille et ces neuf années que nous avons perdues.

    — Tu es sûr de toi ? Je ne veux pas qu’il t’arrive quelque chose à cause de lui.

    — Je dois le faire, Théo. Il faut que je me libère de l’emprise qu’il a sur moi pour avancer.

    — Alors je te soutiendrai quoi que tu décides de faire. Mais d'abord, je vais nous refaire du café.

    Je reviens avec nos tasses pleines et cette fois, nous nous empressons de les boire avant qu’elles ne refroidissent.

    — Et Anne-Laure alors ?

    — Le plan était simple, je me mariais, mon père mourait et j'heritais. Anne-Laure quand a elle pouvait commencer les démarches pour sa PMA grâce à l'argent que je lui donnais. On avait tout prévu sauf que mon père ait tout inventé.

    — Mais quelle est votre relation à tous les deux. Tu ne nous avais jamais parlé d’elle, même Jacob et Damien étaient surpris.

    — Anne-Laure était ma meilleure amie avant que je ne vous rencontre mais on s'est perdu de vue. L'année dernière, elle m'a envoyé une demande d'amis sur les réseaux et c'est comme si on avait jamais été séparés.

    — C’est pour ça que nous ne la connaissions pas alors ?

    Julian me répond d’un signe de tête, et je me sens rassuré de savoir qu’ils ne sont vraiment qu’amis.

    Nous passons la journée à parler de nos vies durant les neuf dernières années et je me rends compte que comme moi, il n’a jamais vraiment refait sa vie. 

    — Et ce mec, avec qui tu étais en photo sur les réseaux ? me demande-t-il.

    — On a vécu quelques années ensemble, lui dis-je pour le taquiner. On avait même prévu de se pacser….

    Je m’arrête quand je vois son visage se décomposer et je sens que j’ai été trop loin lorsqu’il s’écarte de moi et qu’il enfouit sa tête dans ses mains. Je m'agenouille à sa hauteur et avec douceur, je l'oblige à me regarder. Il me fait tellement de mal à ce moment que je ne peux pas m'empêcher de mettre mes bras autour de son cou. Je dépose un baiser plein de promesses sur les lèvres. Lorsque je me détache de lui, il me regarde avec des yeux surpris.

    — Je plaisantais, il n'y a toujours eu que toi, personne n’a jamais autant compté pour moi !

    Julian me regarde énervé et je m'en veux d'avoir fait cette plaisanterie. 

    — Tu es vraiment pas drôle, tu sais ?

    Il m'attire dans le canapé et se met à califourchon sur moi 

    — Je vais te faire payer, patate !

    J'éclate de rire lorsque je comprends comment il m'a appelé, il n'a pas oublié le surnom qu'il me donnait quand nous étions plus jeune. J'éclate de rire et à cet instant, c'est comme si ces neuf années n'avaient jamais existées. 



  • Commentaires

    1
    Mardi 21 Décembre 2021 à 11:07

    Les choses s'arrangent, trop chou ^^ Merci pr ce nouveau chapitre <3

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