— Qu'est-ce que c'est ? Korn regarda la carcasse noire dans son assiette. Il prit ensuite sa fourchette pour en découvrir plus.

— ... Une omelette, lui répondit In d'une voix lente.

— Qu'est-ce que tu lui as fait ?

Korn la souleva pour la regarder de plus près. Même s’il jouait le rôle du héros qui mangeait la nourriture de son petit-ami, là il ne pourrait pas le faire.

— Quand je l’ai mise dans la poêle, elle est restée collée, mais… j’ai ça.

Il se tourna pour ramasser une boîte en plastique et la lui tendit.

— Hein ? Un dessert ?

Korn ouvrit le couvercle et vit qu’il s’agissait de différentes sortes de desserts thaïlandais composés de graines de jacquier (1), de Thong Yip (2)  et de Khanom Luk Chup (3).

— J’ai aidé maman à les faire. Surtout celui-ci, lui expliqua In avant de pointer une pâtisserie du doigt. Les Khanom Luk Chup Dao (4) sont très difficiles à modeler.

Il saisit une petite boule qui avait été moulée en forme d’étoile tordue et la lui montra, elle était d’une couleur vive et brillante. 

— Aaaa… Ouvre vite la bouche.

Korn secoua la tête, mais il ouvrit la bouche pour manger la douceur. Pendant qu’il mâchait, les arômes se propagèrent dans sa bouche.

— Le goût est bon aussi, n’est ce pas ?

— Mmm, délicieux.

Korn se pencha et embrassa légèrement les lèvres de In tout en murmurant.

— ... mais tu ne vas pas manger l’omelette, pas vrai ?

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Un doux rêve fit esquisser un sourire plutôt rare chez la grande silhouette enveloppée dans la couverture. Alors qu’il se laissait aller au bonheur, tout se termina quand son téléphone sonna et qu’il l’éteignit avec sa main. 

Dean s’assit, se frotta le visage et ajusta son esprit pour s’éveiller. Le rêve d’il y a un instant était si flou qu’il pouvait à peine se souvenir de quoi que ce soit. Cependant, il lui laissait une sensation de chaleur dans son cœur sec. La grande main essuya les larmes qui coulaient sans surprise. Depuis son enfance, il rêvait de quelqu’un, mais ne se souvenait jamais des détails et chaque fois qu’il se réveillait, il se retrouvait en larmes avec une tristesse indicible. En grandissant, il avait fait moins de rêves, mais sa tristesse se transformait en bonheur qui le gardait de bonne humeur pour le reste de la journée.

C’était peut-être à cause de ce chagrin et de ce bonheur qu’il cherchait toujours quelqu’un. Qui pourrait dire pourquoi il se sentait ainsi ?

Le jeune homme se leva pour aller dans la salle de bain et prendre soin de lui. Il se lava le visage et les yeux et il s’observa solennellement dans le miroir. Certaines images, comme des flashent, se chevauchèrent à son reflet comme s’il voyait quelqu’un qui avait un visage semblable au sien, mais avec un sourire différent. Dean secoua la tête et jura légèrement avant de se dépêcher de prendre une douche et de s’habiller. Il se sentait comme ivre. 

La famille de Dean était composée de cinq personnes, sans compter les deux femmes de chambre. Son père et sa mère partaient souvent travailler à l’étranger, ne laissant que lui, ainsi que ses deux plus jeunes frères et sœurs. Il en avait marre de devoir affronter son père et il ne savait pas pourquoi il se disputait toujours avec lui. 

La table dans la salle à manger était calme aujourd’hui. Seule sa sœur prenait son petit-déjeuner, alors que son petit frère était occupé à parler au téléphone. Dean regarda le pain, les œufs et les saucisses préparés par la cuisinière, mais il n’en voulait pas, alors il prit juste un jus d’orange pour le boire.

— Phi, aujourd’hui je vais rester avec mes amis. On doit parler de notre projet.

Don, son frère, demanda la permission de manière prévenante, ce à quoi Dean hocha la tête en réponse. 

Dean savait que sa fratrie avait très peur de lui et le respectait. Peut être parce qu’il avait grandi toute son enfance avec sa grand-mère. Au moment où ils avaient commencé à vivre ensemble, ils avaient déjà grandi. Plusieurs fois, il avait essayé d’approcher, il avait essayé de s’adapter, mais quelque chose bloquait. Peut-être était-ce parce qu’il avait fermer les portes et qu’il n’acceptait pas les liens familiaux au point que la situation empire de jour en jour.

— Ce samedi, je dois aller à un camp. Je rentrerais dimanche à la maison. J’y vais avec les juniors de mon club.

— Je peux rester seule, Phi, dit rapidement Del, sa sœur, car elle avait peur que cela ne rende la tâche difficile pour Don.

— Non. répondit sévèrement Dean. Une fille seule à la maison est très dangereux. J'appellerai pour vérifier.

Il se leva et saisit les clés de sa voiture et son téléphone qui était posé sur la table. Il secoua également la tête quand sa sœur lui demanda s’il ne voulait pas de petit-déjeuner.

La berline noire sombre était garée sur le parking des étudiants. Le grand homme prit ses dossiers et resta assis, les sourcils froncés en hésitant. Il avait quitté la maison une heure plus tôt que son heure pour partir en cours. Il n’était pas d’humeur à aller nager au club, ou même à se retrouver dans un groupe, il n’avait pas envie que les gens viennent le déranger. Finalement, c’est son ventre qui prit la décision, même s’il n’avait pas envie de manger, son ventre avait faim et cela ne l’aidait pas vraiment. 

La cafétéria principale de l’université était la plus grande et offrait un large choix d'options pour se restaurer. Le jeune homme se dirigea vers la carte d’un restaurant. Heureusement, il était tôt, il n’y avait donc pas beaucoup de gens et il ne perdit pas de temps.

— Ma tante, une omelette, s’il vous plaît.

Dean commanda le premier plat qui lui vint à l’esprit. En un instant, le riz parfumé surmonté d'une omelette était entre ses mains. Il regarda autour de lui dans la cafétéria et chercha un espace vide et il s’assit pour commencer son repas devant lui. 

Une omelette avait toujours le même goût que les autres qu’il avait mangé. Mais étrangement… Il pensait à une omelette brûlée au point de ne pas pouvoir la manger. Il ne savait pas d’où cela lui venait, parce qu’il n’avait jamais mangé d’omelette brûlée de toute sa vie.

Alors qu’il contemplait son assiette, son téléphone vibra au point que la table trembla. Ses yeux se plissèrent alors qu’il regardait le nom qui apparaissait sur l’écran accompagné de la photo du vice-président du club de natation. Il fut tenté de ne pas répondre, il ne voulait pas être dérangé.

— Quoi de neuf ?

La voix rauque n’était pas vraiment d’humeur alors qu’il avait été dérangé en plein petit déjeuner. 

— Hey ! Qu’est-ce qui ne va pas avec toi ? Je me demandais à quelle heure tu arrivais à l’université ?

— J’y suis. Qu’est ce qui ne va pas ?

— Hein ? Pourquoi tu es arrivé plus tôt ? Enfin, c’est bien. Le président du club de cuisine Thai est venu pour discuter des snacks. Alors il faudrait que tu viennes écouter.

Le vice-président du club de natation était un idiot. Il pratiquait le matin et le soir. Parfois les membres jouaient dans l'eau comme des enfants, ce qui le mettait toujours en colère. Dean s’empressa de finir son assiette et ne s’éternisa pas. 

— Très bien, je viens au club.

Il se leva, prit l’assiette vide d’une main et ramassa à la hâte son dossier de feuilles tout en parlant encore au téléphone. Il ne fit pas attention à son environnement, mais alors qu’il ne s’était éloigné que depuis quelques secondes, une silhouette tenant une assiette s'assit à sa place.

— Oh je suis là. Je suis sur le point de manger. Oui, la cafétéria principale. Attends une minute.

Pharm posa son assiette contenant du riz et une omelette sur la table. Il discuta encore un instant avec Team avant de raccrocher et s’asseoir pour attendre ses amis afin de manger ensemble. 

Il regarda l’omelette moelleuse et pensa que c'était drôle. Quelques années plus tôt, il avait secrètement grimpé sur une chaise et avait essayé de faire frire des œufs pour imiter les adultes. A l’époque c’était une cuisinière électrique et il ne pouvait rien régler. A la fin, les œufs avaient brûlé et sa mère lui avait mis une fessée. Il avait pleuré et gémi pour que sa mère lui enseigne comment faire le Jaew Kai (5), mais il ne savait pas pourquoi il devait le faire. Ce fut alors le point de départ pour aider sa mère à cuisiner. De plus, sa mère qui était sarcastique, le taquina sur le fait qu’il était pressé de devenir une épouse et elle fit en sorte de rapidement lui apprendre la cuisine.

En pensant à cela, Pharm eut un visage sérieux, il posa son bras sur la table, mais se figea quand il toucha quelque chose d’étrange. 

— Oh… C’est quoi cette feuille ?

Le jeune homme la ramassa avant de regarder à gauche et à droite. On dirait que quelqu’un avait oublié sa feuille de cours. 

— Salut.

La silhouette de son ami avide se pencha vers lui, il lui prit sa cuillère et mangea une énorme bouchée de riz. Il resta interdit.

— Team !! Mon riz !! cria Pharm très fort en frappant bruyamment la main de son ami.

— Je suis affamé… d’accord, d’accord… je vais acheter du riz, je reviens dans un instant.

Le chien affamé lui serra la main et s’éloigna pour aller acheter son repas. Pharm secoua simplement la tête avant de poser ses feuilles de cours et son sac sur la table, oubliant totalement qu’avec se trouvait le document d’un autre étudiant. 

— Que signifie ce que Phi Dean a posté ? Tu as déjà rencontré Phi ?

Manaow regarda la photo que Team avait posté sur le Line de leur groupe et les observa à nouveau. Elle ne comprenait pas ce que ‘Ne jamais oublier.’ signifiait. Pharm secoua la tête. 

— Je ne l’ai jamais rencontré, je ne sais pas non plus.

Il était maintenant en cours d’anglais. L’enseignant étranger avec un vrai accent britannique expliquait comment rédiger correctement un rapport. Team, qui ne comprenait pas les langues étrangères était assit de mauvaise humeur. Quant à Manaow et Pharm qui avaient étudié à l’étranger, ils suivaient sans aucun problème. Ils parlaient tous les deux discrètement ensemble tranquillement, naviguant sur leur téléphone sous la table.

— Tout le monde était choqué quand il a publié son premier statut en six mois. C’est très étrange.

Manaow essayait d’analyser la situation. Quelle en était la vraie signification ? Elle voulait savoir ce que ses deux amis avaient pensé du post.

— Phi ne mange probablement jamais de collations, alors il l’a pris en tant que souvenir,  lui répondit Pharm, car s'il ne répondait pas, Manaow n'abandonnerait pas.

Manaow fronça les sourcils.

— Non, comment c’est possible ? Je pense vraiment que tu as un truc avec Phi Dean.

— Aye, l’instinct de fille Yaoiste ? interrompit Team après être resté un long moment silencieux. 

— L’instinct de fille Yaoiste ? Qu’est ce que c’est ?

Pharm fronça les sourcils en entendant ces nouveaux mots.

— C’est quand une fille aime imaginer des garçons ensemble, expliqua Team en riant jusqu’à ce que Manaow gonfle ses joues.

— Hey… même si nous sommes contrariés, en réalité nous ne forceront jamais nos amis à être avec un homme.

La petite main fine glissa le téléphone dans sa poche. Ensuite, elle fixa directement le tableau rempli des explications du professeur. 

— Pharm tu ne ressens vraiment rien ? Si tu ne l’aimes pas, dis-le nous et on ne t’en parlera plus.

Elle se tourna vers son ami avec une expression inquiète sur le visage. Le coin de sa bouche se souleva et il secoua la tête avant de légèrement frapper le bout de son stylo sur la tête de Manaow.

— Alors tu veux montrer que tu l’aimes ?

 Les yeux de Team pétillaient. La personne interrogée était choquée, il prit une grande inspiration avant de répondre.

— Je suis… incertain.

La réponse hésitante surprit les deux amis. Il semblait réticent à expliquer les choses, mais quand il pensa à la gentillesse et à l’inquiétude de ses amis, c’était suffisant pour leur faire confiance. 

— Ne vous moquez pas de moi… et bien… depuis l'enfance, quelqu'un me manque toujours, leur dit Pharm en regardant son carnet comme s'il était sur le point d’y percer un trou.

— Alors… demandèrent à l’unisson Team et Manaow.

— Je ne sais pas à quoi il ressemble. C’est flou, mais je sais seulement que je suis heureux avec lui et que nous nous aimons beaucoup. (6), expliqua Pharm en pinçant ses lèvres, embarrassé.

— Est-ce que cette personne… est un garçon ? demanda Team.

Pharm hocha la tête. 

— Oui… cela me rend confus quant au genre que j’aime, dit-il et ses deux mains commencèrent à se contracter, ne sachant pas où les mettre. J’étais toujours à la recherche de cette personne… jusqu’à ce que… je vois Dean le jour de l’orientation.

Manaow leva ses mains pour couvrir ses joues rouges avec un large sourire alors que Team haletait en comprenant l’histoire.

— Alors… est-ce que Phi Dean est cette personne ? demanda la fille avec un frisson, elle voulait crier dans toute la salle et se retenait de frapper la table.

— Je ne sais pas, je ne l’ai pas vu depuis un moment, continua Pharm en serrant fermement ses mains et leva les yeux vers ses deux amis. Mais mon cœur bat toujours plus vite à chaque fois que j’entends sa voix ou que je vois une photo de lui.

— Alors, allons le voir. Allons le trouver. Je vais juste t’y emmener.

Team commença à s’enflammer. Il était curieux de savoir ce qui se passerait quand ces deux-là se rencontreraient.

— Non… s’exclama le jeune homme tout en secouant la tête, ses mains tremblaient. J’ai peur.

— De quoi tu as peur ? Va voir Team à son club et vous apprendrez à vous connaître.

Manaow essayait d’aider à trouver un plan, mais son ami secoua encore une fois la tête, alors que ses yeux devinrent humides.

— Ce n’est pas ça. Je veux dire, j’ai vraiment peur… peur de le voir.

Il ferma les yeux… peur de le rencontrer puis d’être séparé de lui et que cette fois, ils ne se revoient plus jamais… le jeune homme continua la phrase dans son cœur.

En voyant le visage pâle de Pharm, Manaow et Team se regardèrent dans les yeux avant de prendre ses mains, les serrèrent fermement tout en lui caressant le dos en signe de réconfort.

— Tu ne l’as pas encore rencontré, alors ça va. Quoi qu’il en soit, Team et moi serons là. Nous t’encouragerons, lui dit Manaow en souriant doucement, le réconfortant avec des mots doux jusqu’à ce que Pharm se calme. 

— Miss Marrisa !! Mister Pharm !! Mister Teerayu !! (6) 

La voix forte du professeur résonna dans la pièce, surprenant les trois bavards.

— Je suis désolé, s’excusèrent-ils doucement, avant de soupirer bruyamment lorsque le professeur leur ordonna d’écrire un rapport de trois pages chacun en guise de punition.

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L’aiguille de l’heure pointait vers le neuf. Il était déjà 21h et Pharm venait de rentrer pour prendre une douche. Le soir après l’école, le président du club avait fixé un rendez-vous pour discuter de ce qui devait être préparé pour les collations du club de natation. Aujourd’hui, on n’était que lundi, ils devaient faire les courses le vendredi pour tout préparer et faire la livraison le samedi matin.

Le jeune homme alla allumer et ramassa ses feuilles de cours. Dans tous les cas, il devait d’abord terminer son rapport de trois pages en anglais. C’était malheureux d’être puni, mais bon, il avait vraiment apprécié la conversation. 

Pharm sourit en pensant à l’histoire d’aujourd’hui. Après avoir enfin raconté ce qu’il avait pendant si longtemps gardé à l’esprit, Il s'était sentit tellement à l'aisait qu'il ne savait pas comment l'exprimer. 

— Hum… les feuilles d’anglais.

Pharm feuilletait toutes les feuilles car elles étaient toutes réunies en une seule liasse. 

— Trouvé…ah.

Sous ses documents d’anglais, il y avait une feuille inconnue mêlée aux autres. Pharm la regarda à nouveau et se rendit compte qu’il s’agissait de la feuille qu’il avait trouvé ce matin. 

— Mince… j’ai dû la prendre avec moi par accident, s’exclama-t-il en voyant les lettres griffonnées dans le coin inférieur de la page. Il les regarda avant d’écarquiller les yeux.

Dean 571 - XXXX

— …

Pharm se figea pendant un moment, avant de rire tout seul nerveusement. "Coïncidence, c’est juste une personne avec le même nom.” C’est ce que dit sa bouche, mais son cœur tremblait déjà. Parce que le code d’étudiant indiquait clairement qu’il était en troisième année. Il prit une profonde inspiration et tapa à la hâte sur son ordinateur et ouvrit la page d’accueil de l’université. Il se connecta à la recherche d’étudiant et sa main trembla lorsqu’il saisit le numéro affiché sur la feuille de cours. Il se mordilla la lèvre inférieure avant de décider d’appuyer sur Entrée. Et le nom qui apparut n’était pas différent de ce qu’il avait imaginé. 

571-xxxx Ratthanon Wongnate, Faculté de gestion.

Baboum… La feuille dans sa main tomba sur la table alors qu’une exclamation résonnait dans toute la pièce.

— Aaahhhhhhhhhhh !

Il regarda la feuille comme s’il s’agissait d’un monstre effrayant. 

— Quelle histoire ... Mais comment je vais la rendre à Phi ?

Pharm était confus, il quitta sa chaise et commença à déambuler dans sa chambre. Il regarda Facebook en fronçant les sourcils. Devait-il l’ajouter comme ami et lui dire que c’était lui qui avait sa feuille ? Non, non, non, non… ou bien la donner à Team pour qu’il lui rende. Oh non, il n’y avait pas moyen que Team accepte, il lui dirait de la rendre lui-même et… il n’osait pas.

Le jeune homme sanglota et marcha comme une souris coincée dans une roue pendant au moins une demi heure. L’une ou l’autre solution n’était pas bonne et finalement, il décida de lui rendre lui-même.

… Mais quand se rencontreraient-ils…

L’horloge indiquait 23h, Pharm imprima son rapport et le mit dans une pochette pour le remettre le lendemain. Il bailla en s’étirant avant d’éteindre son ordinateur et de se préparer à aller dormir. Mais avant de se lever, il jeta un coup d'œil à la feuille qui l’avait fait paniquer un peu plus tôt. Un léger sourire se dessina sur ses lèvres alors qu’il tendait la main pour toucher le nom écrit dessus. Ses doigts fins touchèrent chaque lettre une par une et il parla d’une voix basse comme s’il craignait que l’autre ne l’entende.

— Fais de beaux rêves, Phi Dean.

— Tu es allé au club aujourd’hui ? demanda Manaow en lui serra le bras et en l’observant, les yeux perçants. 

— Je n’y suis pas allé, mais je vais aller un peu à la bibliothèque. Hier, Phi Oom m’a dit sur Line qu’il restait encore un peu de budget pour le club de natation. Alors il nous a demandé de faire des snacks supplémentaires. Je vais chercher des idées dans un livre de desserts.

— Oui, prends des desserts thailandais. On est vraiment intrigués.

Team s’empressa de se joindre à la conversation quand il apprit que les collations pour le bus seraient préparées par le club de son meilleur ami.

— Et bien, je dois déjà le consulter, mais j’ai hâte d'être samedi.

Il ne pouvait pas lui promettre, mais il ne rejetait pas l’idée non plus. Manaow supplia pendant un moment pour avoir aussi quelques collations, avant qu’ils ne se séparent tous les trois. Manaow et Team rejoignirent leur club. La jeune femme semblait être très occupée, parce que le club de théâtre avait accepté de travailler avec le club de cinéma. Il y avait donc un casting pour un concours de courts-métrages. Elle avait l’air pitoyable et il lui préparerait quelque chose à manger pour lui donner de l’énergie, c’était une bonne idée.

Il emporta ses livres à la bibliothèque. Dans son sac, il y avait toujours la feuille de Dean, même si cela faisait trois jours. L’anxiété s’ajoutait à la peur que l’autre personne n’ait pas sa feuille pour réviser pour l’examen. Il soupira de déception, se doutant qu'il allait devoir se décider à demander à Team pour la lui rendre.

Des livres sur les sandwichs et les desserts thailandais étaient empilés sur la table. Quelques instants auparavant, il avait demandé sur LINE à Phi Oom s’il pouvait faire des desserts thailandais. La réponse était rapidement arrivée et il pouvait le faire en faisant attention au lait de coco ou aux collations qui tournaient facilement.

Les mini-hamburgers et les desserts thailandais formaient une étrange combinaison. 

— Ah… Manaow est au régime. Le sandwich poulet-avocat serait intéressant.

Il feuilletait le livre aux pages colorées dont les recettes étaient incroyables. Il rit en se disant qu’il aurait dû faire le cursus d'économie domestique, qu'il savait être capable de suivre. 

— Je dois également en faire pour Team, un sandwich au thon et à la tomate devrait-être bon.

Il nota les choses qu’il devait acheter dans son cahier avant de commencer la liste de desserts thailandais qui n’étaient pas trop difficiles à réaliser et qui pouvaient facilement se conserver toute la nuit.

Le jeune homme prit des notes et, en un clin d'œil, une heure s’était écoulée. Il bailla, se leva et rangea le livre sur l’étagère maintenant qu’il avait décidé quoi faire. En marchant lentement à travers la salle, ses pieds se figèrent soudainement. 

... Qu'est-ce que c'était ?

Son cœur s’emballa...

Pharm recula lentement et s'arrêta devant une table pour quatre personnes, mais en ce moment, il n’y avait qu’un seul étudiant qui occupait la table. En plus, il s’était endormi, ne laissant voir que son visage de profil.

Phi Dean !!!

Pourquoi ? Quand ? Comment ? Phi Dean n’était même pas à un mètre de lui.

Pharm, au visage figé, était immobile, mais son cœur battait la chamade, effrayé. Il regarda à gauche, puis à droite. Devait-il le réveiller et lui rendre sa feuille ? Hein ! Il n’oserait pas lui parler. Ou bien, faire semblant de ne pas l’avoir vu ? Non ! Non ! Il devait lui rendre sa feuille de cours. 

En regardant son nez retroussé, ses longs cils et sa bouche fine, il était sûr que…

Attends !! Merde Pharm, tu te fais des films. Il recula vivement quand il se rendit compte qu’il s’était trop approché de lui.

Il secoua la tête, ses joues blanches étaient devenues vermeilles et son cœur battait tellement vite qu’il dût retourner à sa table. 

— Merde, si tu t’approches de lui, tu vas faire une crise cardiaque.

Il cacha son visage dans ses bras.

— Argh…

Les larmes coulèrent à nouveau, l’émotion dans sa poitrine était tellement écrasante que s’en était presque insupportable. Pharm essuya rapidement ses joues avec sa manche. Il avait dû devenir fou. Pourquoi était-il si heureux ?

Après avoir repris une certaine constance, le garçon aux yeux rougis ramassa la feuille gênante puis il prit un post-it et écrivit une courte note. Au début, il l’avait signé, mais finalement, il l’effaça. Puis, il se faufila vers la personne qui dormait encore profondément. Pharm posa doucement la feuille à côté de lui avant d’utiliser sa dernière once de courage. Il prit secrètement en photo la personne endormie en souvenir.

— Fait de beaux rêves, Phi Dean.

Cette fois, il le murmura au propriétaire de la feuille.

Le jeune homme se réveilla surpris en entendant le bruit de rire. Il se frotta le visage et regarda autour de lui pour voir des filles qui le regardaient discrètement avec des sourires. Dean secoua la tête, il dormait bien trop peu. Au début, il voulait juste lire un livre pendant un moment avant d’aller au club. Seulement, il s’était endormi jusqu’à presque 18h. Lorsqu’il sortit le téléphone de sa poche, il trouva un grand nombre d’appels manqués et de messages LINE de ses amis, y compris de la part de Ai Win après qu’il ait disparu.

Dean soupira et se leva pour ranger ses affaires, mais fronça les sourcils quand il vit la feuille qu’il ne retrouvait plus sur la table. Il avait presque demandé à son ami pour pouvoir la recopier. Cependant, ce qui lui importa le plus, c’était le petit post-it qui était collé dessus.

Je l’ai récupéré à la cantine. Désolé pour l’attente. Bonne soirée.

Le cœur du président du club de natation s’arrêta presque de battre. Cette fois, il s’était pleinement réveillé et il dût se retenir de courir dans toute la salle pour essayer de retrouver la personne qui avait ramené ses affaires. Mais le reste de sa conscience le retint parce que la personne en question n’était probablement plus là. Dean se rassit au même endroit, ramassa le post-it et le regarda. Sous cette phrase, un nom avait été effacé, mais il pouvait être deviné grâce à la légère marque. Il reprit confiance et avec un léger sourire, il sortit son portefeuille et inséra le post-it dans la pochette réservée aux photos.

Puis il rangea son portefeuille dans sa poche… près de son cœur.