• Chapitre 3

    Chapitre 3

    Cela fait deux mois que je vis chez Papang. Mes blessures sont complètement guéries, je n’ai plus peur quand vient le samedi soir et petit à petit, on apprend à se connaître et on est relativement proches l’un de l’autre. Ma mère m’a été d’une grande aide pour récupérer mes affaires discrètement et aujourd’hui, j’ai tiré un trait sur ma famille. J’espère toujours que ma mère aura la force de partir, mais pour le moment, je ne peux rien faire pour elle. Seulement, je me le promets, quand j’aurai un bon travail, un endroit à moi et un peu de pouvoir, alors je la sortirai des griffes de mon père et de mon frère. En attendant, je ne peux que prier jour après jour qu’elle ait la force de tenir.

    — Phi, tu n’étais pas obligé de m’attendre, je peux rentrer à la maison tout seul tu sais.

     Je viens de sortir de cours et il est là, appuyé contre un poteau en train de m’attendre, les bras croisés et ignorant les deux jeunes femmes qui tentent d’attirer son attention. Il leur fait un vague signe et vient à ma rencontre en me souriant, il passe son bras autour de mes épaules et m’entraine sans attendre.

    — Je viens de quitter Nong et tu sais que ça ne me dérange pas, au contraire.

    On marche tranquillement en silence et je sais pourquoi il insiste tant pour m’attendre, il a peur que mon père cherche à me retrouver et il ne veut pas qu’il puisse m’arriver quoi que ce soit. Au fil des semaines, j’ai découvert l’homme tendre, prévenant et doux qu’il est et si au début, je pensais qu’il était comme ça avec tout le monde, ses amis m’ont vite détrompé. 

    Comme je l’avais pensé le jour de notre rencontre, il a été très facile pour moi de tomber amoureux de lui. Parfois j’ai peur que mes sentiments ne soient là que parce qu’il m’a sauvé la vie. Seulement, à chaque fois qu'il me sourit, qu’il frôle ma peau, mon cœur explose dans ma poitrine et alors je sais, je sais que peu importe ce qu’il aurait fait, je serais tombé amoureux de lui.

    Par contre, je n’arrive pas à déterminer s’il est attiré par moi ou pas. Il est très tactile, il me tient dans ses bras chaque nuit quand il est temps de s’endormir, il me prend naturellement dans ses bras, mais il n’a jamais montré plus qu’une forte amitié ou un instinct de protection. En plus, je le vois regarder les filles, malgré ce qu’il a pu dire auparavant, je reste persuadé qu’il est hétéro.

    — Qu’est-ce que tu veux manger ce soir ?

    C’est l’éternelle question, l’un des points noirs de notre cohabitation, aucun de nous ne sait cuisiner. J’ai essayé il y a quelque temps, mais il m’a fait promettre de ne plus jamais recommencer. Je me suis un peu vexé sur le moment, mais le voir malade toute la nuit après m’a convaincu de ne plus jamais le faire. Alors depuis, on commande dans différents restaurants pas trop chers et on mange en regardant la télé avant de faire nos devoirs ensemble.

    — Je ne sais pas, qu’est-ce que tu as envie de manger toi ?

    C’est vrai qu’il me demande toujours et généralement, c’est moi qui finis par décider de notre repas, alors ce soir je lui retourne la politesse, lui aime manger épicé et moi beaucoup moins.

    — On pourrait prendre du Massaman, même si je n’aurais rien contre te manger toi.

    J’ai un petit sourire en coin quand il veut commander l’un des plats les plus savoureux et les plus doux que l’on peut trouver dans le coin, avant de rougir furieusement quand il finit par chuchoter à mon oreille. 

    — Phi qu’est-ce que…

    Mon rythme cardiaque est tellement élevé que je me demande si je ne vais pas m’envoler tant je me sens soudain euphorique. 

    — Je me montre plus clair, puisque tu ne comprends pas quand je te drague discrètement.

    Je n’ose plus lever les yeux et je le laisse me guider à travers le campus vers le petit restaurant. 

    — Je pensais que…

    — J’aimais les filles ?

    Il soupire doucement en finissant ma phrase, alors que je marmonne quelques petits mots dans ma barbe alors qu’il ricane doucement avant de reprendre. 

    — Je… j’aime les femmes…

    Mon cœur s’alourdit quand il poursuit. Je le savais, je suis stupide, tout au mieux, il est curieux d’avoir une relation avec un homme, qu’est-ce que je m’imaginais. 

    — Et j’aime tout autant les hommes.

    Je relève la tête, surpris par la fin de sa phrase. Alors Phi aime les deux, les hommes et les femmes. Nos regards se croisent au moment où il me donne le coup de grâce.

    — Et en ce moment, c’est toi que j’aime Pepper.

    J’ai du mal à assimiler ce qu’il vient de dire, mon esprit est complètement vide et heureusement, on rentre dans le restaurant. Je le laisse commander notre repas, perdu dans mes pensées. Il vient de se déclarer le plus naturellement du monde, il m’aime moi et qu’est-ce que je dois faire, je l’aime aussi, mais je n’ai jamais eu de petit ami et chaque fois que je m’imagine en train de nous embrasser, de nous toucher, de… la voix de mon père résonne dans ma tête et je frémis.

     

    — Nong ?

    Je relève la tête de mon assiette, je suis resté silencieux depuis que l’on est rentré à la maison et je peux voir et entendre son inquiétude. Je dois lui répondre, sa déclaration est restée sans réponse et je me rends compte que ce n’est pas correct de ma part. Je repousse doucement mon assiette avant de m’éclaircir la gorge.

    — J’aime être avec toi, j’aime ce que l’on vit ensemble et…

    Je lève les yeux vers lui, il m’observe avec attention et j’ai soudain des palpitations. 

    — Chaque fois que je m’imagine t'embrasser ou… avoir une histoire avec toi… il est dans ma tête, j’entends chacun des mots qu’il me disait en me frappant et… j’ai peur. 

    Il se lève aussitôt pour venir me rejoindre et n’attend pas pour me prendre dans ses bras. Aussitôt, je me sens me détendre contre lui et je soupire quand il passe sa main dans mes cheveux.

    — Ton père est un homophobe qui a dit et fait des choses horribles Nong. Tu n’es pas tout ce qu’il a pu te dire, notre amour n’est pas mal ou dégoûtant, tu n’es pas dégoûtant. Tu es la plus belle personne qui m'ait été donnée de rencontrer. 

    Comment fait-il pour, à chaque fois, trouver les mots qui vont me réconforter, me redonner confiance et croire en l’avenir. 

    — Phi…

    Je lève la tête et nos visages sont proches l’un de l’autre, ses lèvres fines m'appellent alors je comble rapidement la distance et je vis mon premier baiser. C’est doux et tendre, presque innocent. Je pose ma main sur sa joue quand nos lèvres se décollent et je ne veux plus qu’une chose à cet instant-là. 

    — Fais-moi tout oublier.

    Il me regarde droit dans les yeux avant de reprendre mes lèvres avec gourmandise. Il me surplombe, sa main se glisse sur ma nuque, m’empêchant de reculer, mais je n’ai jamais voulu être plus proche de quelqu’un que de lui. Sans que nos lèvres ne se séparent, on réussit à se remettre debout, j’ai les jambes qui tremblent et son bras s’enroule autour de ma taille pour me retenir.

    Lentement, il me fait reculer et je bascule sur le lit. Mon cœur tambourine, nos baisers deviennent plus fougueux, plus intenses et je ne m’en lasse pas. Je me tends quand sa main glisse sous mon t-shirt et effleure ma peau car la voix de mon père vient me murmurer des horreurs à l’oreille. Il quitte mes lèvres, embrasse ma tempe. 

    — Tout va bien… détends-toi, tu es en sécurité. 

    Je me laisse convaincre par sa voix. Chaque baiser qu'il dépose sur ma mâchoire et chaque caresse sur mon torse éloignent peu à peu le fantôme de mon père.

    J'enroule mes bras autour de son cou, il se glisse entre mes cuisses que j’enroule sans hésiter autour de ses hanches. Je n'ose pas vraiment le toucher au début, laissant la timidité prendre le dessus et je le laisse découvrir mon corps, me faisant frémir et soupirer de plus en plus souvent. Finalement, je veux lui rendre le plaisir qu’il m’offre et, les mains tremblantes, je trouve le courage de découvrir son corps.

    Mon t-shirt vole dans la pièce et je me mords fortement la lèvre inférieure quand ses doigts pincent un de mes tétons. Je le force à arrêter, car je veux sentir son torse contre le mien et, comme lui plus tôt, j’envoie son t-shirt quelque part sans me préoccuper de l’endroit où il atterrit. Aussitôt, il se colle à moi, nos torses nus se touchent enfin et ma peau se couvre de chair de poule. 

    — Phi, je t'aime.

    Je souffle doucement contre son oreille en gémissant quand ses hanches bougent avec lenteur contre les miennes, envoyant des vagues de plaisir dans tout mon corps.

    J’ai l’impression de vivre un rêve, j’ai complètement oublié mon père et mes peurs, je ne suis focalisé que sur lui qui emploie tous les moyens possibles pour me faire vibrer. Nos pantalons ont disparu depuis longtemps et quand sa main passe la dernière barrière de tissus qu’il me reste pour saisir mon sexe, je me cambre brutalement sous le plaisir. Je rejette ma tête en arrière pour lui laisser toute la place dont il a besoin pour marquer ma peau.

    — Nong Pepper, tu es sûr ?

    Sa main continue de faire de lents va-et-vient sur moi, je halète de plaisir et mon bassin bouge dans l’espoir de le faire aller plus vite, en vain. Il me regarde sérieusement, j’ai un peu de mal à réfléchir, mais si je suis bien sûr d’une chose, c’est que je ne veux pas qu’il s’arrête, je veux qu’il me fasse l’amour.

    Pour lui faire comprendre, je glisse timidement ma main dans son caleçon et d’un geste un peu maladroit, je lui offre le même traitement, je calque son rythme et quand son regard s’enflamme, je me mordille la lèvre avant de réussir à parler, la voix devenue plus rauque à cause du plaisir. 

    — J'ai envie de toi. Fais-moi l'amour Papang... Aanh...

    Je n’ai pas le temps de finir ma phrase qu’un long gémissement sort de ma bouche quand il accélère brusquement le rythme de sa main, me faisant voir des étoiles. 

    — Tu es magnifique Nong.

    Il murmure à mon oreille alors que je grogne quand sa main me lâche, mais je n’ai pas le temps de dire quoi que ce soit que je sens ses doigts toucher cette partie de moi, celle qu’il comblera tout à l’heure. 

    — Tu es parfait mon amour.

    Je sens à peine la douleur quand il me prépare à le recevoir avec application, car mon cerveau est complètement captivé par sa voix qui me complimente sans s’arrêter.

    Mes doigts s’enfoncent dans la peau de son dos et je mords son épaule quand la sensation d’inconfort se fait trop forte alors qu’il me possède petit à petit. C’est un mélange étrange de douleur, de jubilation et de plaisir qui me submerge et m'étouffe alors qu’enfin son bassin cogne contre mes cuisses. Je me sens complet, rempli et je prends une profonde inspiration tremblante alors qu’il reste patiemment immobile le temps que je m’habitue à sa présence en déposant des milliers de baisers sur mon visage et le haut de mon corps.

    — Bouge, Phi.

    Je murmure doucement, appuyant mes mains sur ses fesses pour l’inciter à plus et il n’en faut pas plus pour qu’il me fasse découvrir les joies de l’amour physique. C’est lent et sensuel alors que petit à petit ses mouvements en moi font monter une intense pression. Je ne suis plus que frissons, gémissements et volupté.

    Jamais je n’aurais imaginé faire l’amour avec lui pour de vrai. Je n’imaginais pas, ce matin, qu'il se déclarerait à moi, qu’il m’embrasserait et que je lui demanderais de me faire l’amour. Pourtant, maintenant, je ne peux plus m’imaginer ailleurs que dans ses bras, c’est lui l’homme que je veux et ce, depuis des semaines. Il accélère soudainement ses coups de hanches, il est ancré en moi, bougeant avec ardeur alors que nous sommes serrés l'un contre l'autre. Je ne suis plus que gémissements et cris de plaisir quand je finis par exploser, le plaisir me submerge et je me déverse entre nos deux corps dans un long râle.

    Je n’arrive plus à respirer, mon corps est tout engourdi alors que je découvre les délices de l’orgasme. Il fait encore plusieurs va-et-vient avant de se crisper contre moi en grognant fortement quand il jouit en moi. Petit à petit, il ralentit avant de finalement s’immobiliser et se laisser retomber contre moi. J’en profite pour le serrer de toutes mes forces en fermant les yeux pendant que je tente de reprendre mon souffle. Ce moment était intense, tout en restant doux et tendre et je ne peux pas m'empêcher de sourire, satisfait.

    Il sépare nos corps et je grogne un peu d'inconfort et il rit doucement quand je le rapproche aussitôt de moi car je ressens le besoin qu’il me câline. Je me rends compte que, pour la première fois depuis des années, je me sens en paix dans ses bras, je suis moi, Pepper, un jeune homme qui aime les hommes et je ne veux plus avoir honte de ça. Avec Papang, je n'ai pas honte, je me sens heureux et je veux juste profiter de la vie que le destin m'a offert près de lui.

    Il m’embrasse un long moment avant de se redresser malgré mes tentatives pour le garder près de moi. 

    — Viens, allons prendre une douche.

    Je grogne un peu en secouant la tête, je n’ai absolument pas envie de bouger, je suis trop bien dans le lit pour le moment. Il éclate de rire et réussit à me soulever sans aucun problème et une fois encore je suis surpris par la force dont il est capable alors qu’il m’entraine contre mon gré dans la salle de bain.

    Finalement, il a bien fait de me forcer à aller sous la douche, car c’est un autre moment tendre qui m’attend. L’eau chaude détend mon corps et Papang s’occupe de me laver, il prend soin de moi et maintenant je n’ai plus envie de quitter ce jet d’eau chaude. J’ai l’impression d’être de la guimauve, il m’a offert la plus belle première fois qu’une personne pouvait rêver sans rien me demander en échange, il m’offre absolument tout.

    On s’est finalement recouchés dans le lit, complètement nus car je veux encore sentir sa peau contre la mienne. Je suis déjà accro à cette sensation, alors quand il vient se glisser derrière moi, m’enlaçant le plus fort possible, je me sens de nouveau en sécurité. On reste un moment silencieux, juste couchés l’un contre l’autre, lui me caresse lentement le ventre et je pense que je pourrais m’endormir comme ça.  

    — Tu n'as pas mal ?

    Je tourne la tête vers lui quand sa voix s’élève, je sens l’inquiétude dans sa question et je lui souris aussitôt pour le rassurer. Mon corps est un peu raide et mes fesses un peu douloureuses, mais rien de terrible. Je l’embrasse tendrement avant de lui répondre en le regardant dans les yeux. 

    — Je vais très bien Phi. Tout était parfait.

    Il me fait un grand sourire soulagé quand il entend ma réponse. Il me serre un peu plus fort contre lui, son menton est posé sur mon épaule et il dépose de petits baisers sur ma mâchoire. 

    — Alors... Ça veut dire que... On est ensemble ?

     Il est trop mignon à me questionner timidement alors qu'une heure plus tôt, il me faisait l'amour avec fougue. Je ne me sens pas d'humeur à le taquiner, du coup sans attendre je hoche la tête. 

    — Oui, on est ensemble.

    Son visage irradie de bonheur, comme le mien, et il m'embrasse à en perdre haleine, à cet instant je croyais encore que le destin était de mon côté et que je pouvais enfin tourner la page et foncer vers notre avenir.

     



  • Commentaires

    1
    Dimanche 24 Octobre 2021 à 20:05

    Bon, je suis contente que sa mère l'ai aidé pour ses affaires, c'est déjà un petit quelque chose qu'elle a pu faire.

    J'ai adoré quand Gunsmile a dit qu'il le mangerait bien (on m'a une foisde plus un peu perdu à ce moment làyes). Au moins là Fluke a bien compris les intentions de Gunsmile et ça a fait avancé leur relation.

    Leur première fois était magique ils sont vraiment mignon et j'espère que ce bonheur continuera......

    Bon je passe au chapitre suivant car j'ai vraiment hâte de lire la suite

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