• Chapitre 21 - Bedtime

    Chapitre 21

    POV Prem

    Je suis allongé en étoile de mer dans le lit de Phi Boun, je fixe les fissures du plafond alors que j’entends dans la pièce d’à côté la douche s’écouler. Boun ne sortira pas avant un petit moment et moi j’ai tout le temps de me morfondre après l’horrible journée que l’on a vécu. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, je ne viens pas très souvent dormir chez lui. J’aimerais pouvoir le faire tout le temps. Seulement, mon père n’aime pas quand je ne suis pas à la maison, parce que dans ces moments-là, il n’y a personne pour lui apporter sa bière et lui préparer à manger. 

    Je frissonne quand je pense à ma famille, ce n’est pas le bon moment pour le faire, pourtant, je ne peux pas m’en empêcher. Cela fait des années que ma mère s’est sauvée, quittant les coups d’un mari colérique et oubliant son enfant un peu trop chétif. Cela fait aussi des années que mon père n’ose plus lever la main sur moi et tout cela je le dois à ceux que je considère maintenant comme ma famille. 

    J’étais un enfant solitaire quand Joong cette tornade m’est tombé dessus et qu’il ne m’a pas laissé le choix de les rejoindre, lui et Nine. Au début j’étais méfiant, mon père m’avait fait comprendre que personne ne vient gentiment vers vous, juste pour le plaisir. Seulement mon père ne savait pas tout et cette rencontre m’a sauvé la vie. Joong a vu les bleus, il s’est inquiété, il m’a forcé à me confier puis il en a parlé à son père.

    Ce jour-là j’ai découvert ce que devait réellement être un père. Pas un homme qui vous commande par la force, par la peur et qui vous punit à coups de ceinture, mais un être aimant, protecteur et qui n’hésite pas à faire ce qui est juste. Ohm est resté avec moi dans le jardin pour me rassurer, il m’a tenu la main en me faisant de petits sourires, alors que son père apprenait au mien comment il devait se comporter avec son fils.

    Je n’ai jamais su ce qu’il lui a dit ce jour-là, mais plus jamais mon père n’a levé la main sur moi. Il a trouvé d’autres manières de me pourrir la vie, mais cela ne m'atteint plus de la même manière qu’auparavant, car je ne suis plus seul. Alors pourquoi moi je ne peux pas être là pour tenir la main de Ohm quand il en a le plus besoin. Je me sens tellement inutile, cette impression que je ne suis important pour personne et que je ne suis qu’un poids pour les autres, que je ne leur apporte rien d’autre que des ennuis.

    Je me recroqueville totalement, essayant de fuir ces pensées négatives qui me viennent encore de temps en temps et que je dois combattre chaque fois avec l’impression qu’elles vont me submerger et me dévorer vivant. Cette peur du sang, celle qui m’a empêcher d’être là, je sais d’où elle vient, le souvenir qui l’a causé est encore vivace dans mon esprit, j’en fais des cauchemars encore parfois et c’est sûrement pour ça que je me sens proche de Fluke, du combat qu’il mène contre ses démons et…

    Le lit s’enfonce juste derrière moi et la chaleur du corps de Boun me sort de mes pensées et il colle son torse à mon dos, pose ses lèvres contre ma nuque, ce qui me fait grandement frissonner. 

    — Arrête de penser au passé. La journée a été difficile Nong, ne t’impose pas ça en plus.

    Il m’embrasse de nouveau et je me détends petit à petit parce qu’il me connaît, il sait quoi faire pour me faire oublier. 

    — Je suis désolé Phi… j’essaie, mais ça revient toujours.

    Je ne vais pas pleurer, au moins, j’ai réussi depuis longtemps à ne plus pleurer pour ça, mais ma voix reste tremblante et elle vacille à plusieurs reprises. Lentement, il me fait me tourner pour que je me retrouve sur le dos et il me surplombe, j’aime quand il est au dessus de moi, quand sa chaleur et son poids m’enveloppent et me protègent.  J’arrive à lui faire un petit sourire triste alors qu’il me caresse doucement les cheveux, avant de déposer un baiser tendre sur mes lèvres. 

    — Je te promets qu’un jour tu n’y penseras plus, tu seras libre de ton passé et tu pourras vivre heureux. En attendant, je serai là pour t’aider et te rassurer, d’accord ? 

    Je me redresse, touché par ses mots qui me déclarent son amour sans détour et je me cache dans son cou, ce qui le fait rire doucement.

    — Je n’ai pas pu aider Phi, je n’ai servi à rien et…

    Je recommence avec cette litanie et il me coupe sans attendre, cette fois ses yeux se sont assombris et je sais qu’il est un peu en colère, il ne supporte pas quand je dis ce genre de choses et même si je sais qu’il ne me fera jamais aucun mal, je ne peux pas m’empêcher de trembler alors que son aura dominante m’enveloppe totalement.

    — Tu es celui qui a réconforté et soutenu Nong Fluke tout au long de la journée. Tu le comprends et tu es son ami, tu es notre ami à tous. Tu as une faiblesse Nong, tu as le droit d’être faible, on ne te demande pas d’être fort en permanence. Et puis, je t’aime comme tu es, alors je t’en prie… ne dis pas ce genre de choses.

    Il a toujours les mots et la patience pour me redonner confiance en moi. Je ne pensais pas qu’il était possible d’aimer si fort, pourtant, depuis que l’on s’est mis ensemble, il s'évertue chaque jour à me le prouver par de petites attentions. 

    Je l’attire à moi et on reste un moment silencieux dans les bras l’un de l’autre. Je laisse mon nez courir le long de son cou, appréciant l’odeur rassurante de son gel douche et la force avec laquelle il me serre contre lui. 

    — Je voudrais pouvoir quitter la maison. Ne plus jamais y retourner et pouvoir vraiment tourner la page.

    Je finis par confier ce que j’ai sur le cœur, ce qui me rend dingue jour après jour. J’aurai vingt ans dans quelques mois et alors je pourrai quitter la maison de mon père, je serai définitivement majeur et il ne pourra plus causer de problèmes à mon entourage. Seulement, plus le temps passe, plus patienter devient difficile.

    — Encore quelques semaines de patience Nong et je te promets que le jour de ton anniversaire je serai là à la première heure avec une valise pour te sortir de là. 

    Mon cœur accélère brutalement quand il parle de ce jour-là. C’est un sujet que l’on évite, je ne sais même pas pourquoi. Peut-être parce que l’attente est difficile et qu’en parler rendrait ce sentiment encore plus présent. 

    — Et où est-ce que j’irai vivre, je n’ai… Aïe…

    Je me frotte doucement le front après qu’il y ait mis une tape avec son doigt. Je boude pour la forme, mais le petit sourire sur son visage m’annonce déjà ce qu’il n’a pas encore dit.

    — Tu crois que je vais laisser mon petit ami dehors alors que j’ai un appartement. Ton cadeau d’anniversaire est prêt depuis des mois.

    Nos lèvres se retrouvent rapidement et quand sa langue vient rencontrer la mienne, je frissonne de plaisir. Boun peut sembler dur, dominant et parfois froid, mais dans l’intimité c’est tout le contraire, c’est un amant exceptionnel, doux et à l’écoute et je n’aurais pas pu rêver mieux que lui pour construire ma vie. 

    Sa main glisse sous mon t-shirt et je brûle littéralement de désir pour lui, on ne fait pas souvent l’amour, mais chaque fois c’est une explosion de plaisir et d’amour qui mène à un orgasme qui me laisse pantelant contre lui. C’est sûrement le chemin que nous allions prendre, laisser le plaisir effacer chaque moment difficile de la journée. Sauf qu’au même moment, la notification de nos deux téléphones résonne et on sursaute tous les deux. On s’observe droit dans les yeux et le désir disparaît rapidement. Le seul message que l’on pourrait recevoir en commun, ce sont des nouvelles de Ohm et de nouveau, l’inquiétude surgit.

    — Regarde vite.

    J’ai les mains qui se mettent à trembler, alors je lui demande d’être celui qui lira le message. Il me fait un petit signe et se lève pour aller chercher son téléphone. Je m'assois dans le lit et me mordille l’ongle du pouce nerveusement jusqu’à ce qu’un grand sourire illumine le visage de Boun.

    — Ai’Ohm est réveillé, il va bien et ne se lasse pas d’entendre la voix de Fluke. 

    On éclate tous les deux de rire, sûrement la plus belle nouvelle de la journée. On n’a pas vraiment profité de la discussion de Fluke, mais j’ai hâte de pouvoir avoir une vraie conversation avec lui, d’entendre les intonations de sa voix et ne plus avoir à utiliser d’ardoise ou de papier pour pouvoir entendre son opinion. Phi Boun renvoie rapidement un message à Fluke pour le remercier des nouvelles de notre part puis il me rejoint dans le lit qui est devenu bien trop froid sans lui. 

    — On ira chez Joong et Ohm demain pour avoir plus de nouvelles, mais tu n’as plus à t’inquiéter, tout le monde va bien et est en sécurité. 

    On est couché sur le côté, l’un en face de l’autre et je hoche la tête rapidement avant d’essayer d'étouffer un bâillement. 

    — On ferait bien de dormir, la journée a été fatigante et celle de demain risque de l’être aussi. 

    Je sais qu’il a raison, mais je ne peux pas m’empêcher de faire la moue avant de me rapprocher de lui et de laisser mon index glisser le long de son torse nu. 

    — Mais je voulais le faire avec toi… 

    Je prends comme toujours une belle couleur tomate alors que je lui demande de faire l’amour. J’ai beau essayer, je n’y peux rien, parler de sexe me fait rougir à chaque fois, ce qui amuse bien mes deux meilleurs amis. Il éclate de rire avant de capturer mon doigt et de l’embrasser en douceur. 

    — On aura bientôt tout le temps de faire l’amour, Nong. Je te promets que quand on habitera ensemble, je le ferai tous les jours, même plusieurs fois par jour si tu me le demandes. 

    Il me taquine en parlant de cette manière et je ressens aussitôt un mélange de gêne et d’excitation, alors je lui tape le torse doucement pour le faire arrêter.

    — Phi !! Ne dis pas des choses comme ça. 

    Je me colle contre lui, cachant mon visage brûlant contre son torse alors que lui continue à rire, fier de lui. Il encercle mon corps de ses bras et me tient contre lui avant de m’embrasser le front et de nous installer pour dormir.

    — Bonne nuit Nong.

    — Bonne nuit Phi. 

    Je dépose un baiser sur son torse avec un petit sourire alors que mes idées noires ont disparu pour un temps, tenues à l’écart par l’homme qui me tient fermement dans ses bras. 

    — Je t’aime.

    Il se fige légèrement avant de complètement se détendre, si lui me le dit facilement, moi j’ai plus de mal, alors il savoure chaque fois que j’ose lui avouer mes sentiments pour lui. Je ferme les yeux en croisant les doigts pour que l’avenir ne soit pas aussi sombre que cette journée et je finis par m’endormir très rapidement, bercé par le battement du cœur de Boun contre mon oreille.

     

    POV Joss

    Je sors de la douche en m’essuyant vigoureusement les cheveux avec une serviette. Je pousse un soupir mécontent, la journée n’a pas été facile et j’ai de plus en plus de mal à croire que l’on pourra trouver le coupable dans le temps imparti. J’essaie de rester positif pour Namtan, je sais combien trouver le meurtrier compte pour elle, je sais qu’elle ne pourra pas avancer si elle ne peut pas apporter de réponses à Nong Fluke.

    C’est la raison pour laquelle on a décidé de ratisser les environs de Sampaothai aujourd’hui, s’il a été retrouvé là-bas après avoir fui son lieu de captivité sept ans plus tôt, alors il ne devait pas se trouver à plus de dix kilomètres de la ferme. Sur le papier, l'idée était bonne, malheureusement, sur le terrain, c’était une autre paire de manches. On a quadrillé le secteur toute la journée, interrogé l’homme qui l’a trouvé ce jour-là, mais on n'a absolument rien trouvé de probant. 

    Je me laisse tomber sur mon lit, même si je suis sportif, j’ai mal aux jambes et Namtan est décidé à emmener Fluke avec elle demain, elle pense qu’il pourrait se souvenir de quelque chose, peut-être retrouver sa route. A cet instant mon téléphone sonne et je fronce les sourcils, il est déjà tard et mis à part Namtan personne ne m’envoie jamais de message. J’ai un petit sourire douloureux en pensant à notre vie au lycée, quand on était tous les deux étudiants. J’étais populaire, bien entouré et j’étais assez naïf pour penser que ce que l’on voyait dans les séries, était juste de la fiction. Namtan au contraire, était une jeune femme renfermée, calme et toujours à l’écart, j’étais le seul à qui elle parlait et je n’aurais jamais imaginé que cela lui aurait apporté autant de problèmes.

    Je la connais depuis le berceau, nos familles étaient voisines et pour moi, c’est normal qu’elle soit près de moi, je n’imagine même pas un monde où elle ne se tiendrait pas à mes côtés. Alors même si au lycée, les gens ne la considéraient pas comme populaire, à aucun moment je n’ai envisagé de la rayer de ma vie. Si seulement j’avais eu conscience de la souffrance que notre amitié allait lui causer, alors j’aurais fait attention bien plus tôt, bien avant de courir le risque de la perdre pour toujours.

    J’ouvre le message et mon sourire se tord en une grimace nerveuse. C’est la mère de Joong et Ohm et ce qu’elle annonce est juste étrange. Mon instinct de policier, même s’il n’est pas très développé, se met en branle et c’est sans attendre que je compose le numéro de ma coéquipière. Elle décroche au bout de deux tonalités et comme à son habitude, elle ne prend pas la peine de me saluer, elle commence la conversation comme si on était ensemble depuis des heures.

    — Comment un échafaudage qui est en place depuis des semaines sans aucun problème peut s'effondrer de cette manière ? 

    Mon instinct ne s’est pas trompé, l’accident est bien étrange aussi à ses yeux et j’ai appris avec les années à faire confiance à ses impressions. Elle se trompe rarement quand elle commence à avoir ce genre de déduction.

    — Je trouve ça étrange aussi, mais c’est peut-être simplement de l’usure.

    Elle déteste quand je fais ça, quand je retourne son idée contre elle pour lui permettre de ne pas foncer tête baissée et d’explorer toutes les autres possibilités. D’ailleurs, elle soupire pour la forme, mais elle sait que j’ai raison, on ne peut pas prendre le risque de faire une erreur, on doit être sûr à cent pour cent de nos preuves et de nos accusations, parce que nos supérieurs et nos collègues nous attendent au tournant.

    — Demain je contacterai le chef du chantier pour avoir son avis et il faudra essayer de trouver un expert qui pourra nous faire un dossier béton sur l’accident.

    J’ai un petit sourire en entendant sa voix déterminée et je retrouve confiance en nos capacités de résoudre l’enquête, même si une petite voix me souffle que je dois lui en parler, je dois la préparer au fait que, peut-être, nous ne pourrons rien faire de plus.

    — Ohm doit rester à l’hôpital au moins jusqu’à demain après-midi et je ne pense pas que Fluke accepte de le quitter.

    Il faut que l’on revoit tout notre programme pour demain, on doit trouver le coupable, mais on ne doit pas oublier de prendre soin de Fluke, on n'est pas là pour le mettre en danger, mais bien pour le protéger.

    — Phi, il ne faut plus le quitter des yeux. Souviens-toi de la lettre, le tueur veut l’entendre hurler, s’il découvre que maintenant il peut reparler, alors il risque de passer plus vite à l’action.

    Je soupire fébrilement, cette histoire est un véritable sac de nœuds, j’ai l’impression que lorsque l’on fait une avancée sur un point, tout le reste s’embrouille irrémédiablement et devient compliqué.

    — Nong, je sais que tu ne veux pas l’entendre, mais…

    — Ne dis rien Phi…. s’il te plait… 

    Je soupire quand sa voix tremblante me coupe la parole, alors que je tente d’avoir cette conversation que je recule depuis des années, seulement, la date butoire des dix jours donne un aspect définitif à l’affaire, si on ne trouve pas le tueur, on risque d’avoir de grandes difficultés à continuer, surtout si nos supérieurs s’y opposent.

    — On doit en parler pourtant. 

    Ma voix se fait plus ferme, c’est rare que je lui parle sur ce ton, pourtant cette fois, je dois prendre mon rôle de protecteur au sérieux. 

    — Qu’est-ce que tu feras dans dix jours si on ne trouve rien Namtan ? Tu sais que tu ne pourras pas continuer à vivre comme ça. Elle n’aurait pas voulu que tu t'empêches de vivre, elle voudrait que tu vives heureuse, que tu me laisses t’ai…

    — Ne le dis pas…

    Sa voix est blanche alors qu’une fois de plus elle m’empêche de lui avouer ce que je ressens pour elle depuis aussi longtemps que je me souvienne. J’ai juste été trop idiot pour me rendre compte de mes sentiments, ensuite, il était trop tard pour le lui avouer, sans quoi nos vies seraient radicalement différentes aujourd’hui. 

    — Je n’ai pas le choix Phi, je dois le faire. Je pourrais t’écouter, t’accepter le jour où j’aurai pu faire éclater la vérité, pas avant. Je suis désolée.

    Je ferme les yeux un instant, c’est tellement dur de réfréner ce que je ressens pour elle, je voudrais que tout soit plus simple, mais je sais aussi que c’est ma punition pour ne pas avoir su la protéger. J’entends sa respiration rapide à l’autre bout de la ligne et je voudrais la prendre dans mes bras pour la réconforter. Je m’allonge sur la longueur de mon lit, complètement abattu, et je me pince l’arête du nez alors que le silence s’éternise, je suis face à un choix et aucun des deux n'est réellement satisfaisant. 

    — Très bien, on trouvera ce monstre et après on vivra la vie que l’on mérite tous les deux.

    Elle souffle doucement, le silence retombe, mais je ne cherche pas à le rompre, je connais son mode de fonctionnement, je sais qu’elle reconstruit la façade que je viens d’égratigner et je m’en veux encore une fois de ne pas être capable de la détruire complètement pour retrouver la jeune femme que je connais si bien.

    — Demain, allons les voir, on doit faire le point avec eux. On n’y arrivera pas si on ne travaille pas avec eux et je suis sûr que l’on pourrait être surpris.

    Revoilà l’inspecteur qui parle, d’une voix sûre et déterminée. 

    — Je vais leur envoyer un message pour les prévenir, viens me chercher en fin de matinée, le temps pour moi de passer des coups de fils, d’accord ?

    — Compris Nong. Ne te couche pas trop tard, repose toi.

    Elle me murmure quelques mots de remerciement, mais déjà elle est replongée dans l’affaire, elle m'entend à peine et après m’avoir soufflé un bonne nuit, elle raccroche. Je laisse tomber mon téléphone un peu plus loin sur la couette et je me contente de fixer le plafond un très long moment.

    Ohm vient d’avoir un accident, Fluke peut reparler et notre enquête en est toujours au point mort. J’ai l’étrange sensation que les choses vont aller en s'accélérant au cours de ces prochains jours et que le tueur ne restera pas bien sagement dans son coin en lançant des menaces dans le but de terroriser Fluke et son entourage.

    Je tente de me concentrer sur l’affaire, mais tout me ramène à Namtan, à son refus d’avancer dans la vie, de construire quoi que ce soit avec moi. Pourtant, je sais que je ne peux pas me montrer exigeant, j’ai déjà de la chance qu’elle accepte que je reste à ses côtés.

    J’étais populaire, beau gosse et les filles me couraient après, j’étais flatté, à l’époque, de recevoir tant d’attention de leur part. Comment j’aurais pu imaginer que ces mêmes filles, jalouses de ma proximité et ma complicité avec Namtan, la prendraient en grippe. Qu’elles lui feraient subir un harcèlement violent, autant physiquement que psychologiquement. Comment j’aurais pu me le pardonner, si Um Apasiri, la mère de Fluke, notre professeur de Thailandais ne l’avait pas trouvée ce jour-là dans les toilettes alors que, désespérée et à bout, elle tentait de mettre fin à ses jours.

    Je ne veux pas repenser à tout cela et pourtant je m’interdis d’oublier que parce que je me sentais flatté, parce que j’aimais être le centre de l’attention de ces filles à qui je savais déjà pourtant que je ne laisserais aucune chance, j’avais failli perdre la seule qui comptait réellement à mes yeux.

    Je me redresse soudain alors que les souvenirs des jours suivants me compressent la poitrine. Aller la voir à l'hôpital, écouter son calvaire, comprendre mon implication et ensuite tout faire pour expier mes fautes. Elle m’a toujours dit que ce n’était pas de ma faute, que je n’avais pas à m’en vouloir pour les actions des autres et pourtant, je me sens coupable et je ne pourrai pas être en paix, tant qu’elle ne pourra pas être heureuse.

    J’ai un rire désabusé quand, en y pensant de cette manière, je me rend compte que toute notre histoire est comme un chien qui se mord la queue, on tourne en rond et au final aucun de nous deux n’est réellement heureux. Je me lève et me dirige vers la cuisine pour me servir à boire, l’eau fraîche me permet de m’éclaircir les idées et de calmer l’angoisse qui tente de se manifester. 

    Pourtant cette nuit-là, je ne dors pas encore beaucoup, je me contente de rester allongé dans le noir. J’attends que les heures passent et même si je dis à Namtan qu’elle doit lâcher prise, j’en suis moi-même incapable, parce que je sais qu’il n’y a pas que la vie de Fluke qui est sur la corde raide avec cette affaire, on est tous sur cette corde avec lui.

     

    POV Joong

    Je suis resté un moment en compagnie de ma mère et de mon oncle dans la cuisine. Assis autour de la table, nos téléphones placés devant nous, on reste silencieux, attendant juste des nouvelles de Fluke qui est resté avec mon frère. On attend qu’il nous annonce que Ohm est réveillé et qu’il va bien. Nine, qui est resté bien plus silencieux que d’habitude depuis que l’on est rentrés de l’hôpital, est parti se coucher il y a un moment. 

    Je suis assez inquiet pour lui et sa réaction, il est du genre à tout garder pour lui, à se confier difficilement et j’aurais voulu être près de lui, des autres pour les aider et les soutenir. Seulement j’étais coincé dans un cours barbant auquel je ne voulais pas aller, pour ne pas mettre mon frère encore plus en colère. Je compte bien le rassurer et l’aider à surmonter ce qui le tracasse, mais avant, je dois moi-même être rassuré à propos de mon frère. Je ne veux pas qu’il lui arrive quoi que ce soit alors que l’on est toujours fâché. Les médecins ont été optimistes, mais tant qu’il n’aura pas repris connaissance, je ne pourrai pas être tranquille.

    — Est-ce que les autres vont bien ?

    Je sursaute un peu quand ma mère prend la parole avant de lever les yeux vers elle. Elle a les traits tirés, ses joues manquent cruellement de couleur et je sais que même si la situation n’est pas la même, tout ça doit la ramener cinq ans en arrière, quand mon père est mort dans un accident de voiture.

    — Boun et Prem sont rentrés chez Phi. Nine ne semblait pas très bien, mais j’irai le voir après, ça ira bien.

    Je lui réponds rapidement avant de jeter un coup d'œil à mon téléphone silencieux. D’ailleurs, la conversation s'essouffle de nouveau pendant quelques minutes et je me frotte les yeux en réprimant un bâillement. 

    — Quand je suis rentré, je pensais prendre Fluke sous mon bras et le ramener à Bangkok. 

    C’est au tour de mon oncle de prendre la parole, il a les yeux dans le vague et ne semble pas vraiment s’adresser à quelqu’un en particulier. 

    — Si je ne t’avais pas écouté, il n’aurait jamais reparlé. Je suis inquiet pour Ohm, mais d’un autre côté, je ne peux pas m’empêcher de me réjouir.

    — Je suis sûr que Ohm aussi sera très heureux de s’être pris un échafaudage sur le nez s’il peut maintenant entendre parler son Fluke. 

    Le silence accueille mon intervention. Comme souvent, j’ai répondu du tac au tac sans vraiment réfléchir. Ils m’observent tous les deux sérieusement et j’avale difficilement ma salive avant que ma mère et mon oncle n’éclatent de rire. Je souffle un peu avant de me joindre rapidement à leur hilarité et notre anxiété s’allège, comme si un poids quittait nos épaules. 

    — Joong tu as toujours le chic pour dédramatiser les choses.

     Ma mère me passe affectueusement la main dans les cheveux, les yeux brillants de malice et je lui souris avec tendresse.

    — Tu ressembles tellement à ton père. Il serait fier de toi tu sais. 

    Mon cœur accélère quand elle me fait cette remarque, mon père, mon héros. L’homme à qui, selon ma famille, je ressemble trait pour trait. Mon sourire se fait nostalgique alors que je repense à mon modèle, il était pompier, il était fort, droit et il avait toujours le mot pour rire. Sa mort a laissé un vide énorme dans notre famille, dans mon cœur et dans ma vie, j’ai perdu celui qui guidait mes pas pour devenir l’homme dont il serait fier. 

    Après sa mort, je me suis promis que je serais celui qui rendrait le sourire à ma mère, qui ferait en sorte que son absence soit moins difficile et douloureuse. Ce n’est pas toujours facile, parfois j’oublie sa voix, sa manière de sourire et de rire et alors j’ai l’impression que le vide s’agrandit petit à petit et ça me terrifie un jour de ne plus réussir à me souvenir de lui.

    — Bon allez, ça suffit.

    Ma mère se ressaisit, elle tape dans ses mains et je sursaute devant son regain d’énergie et de confiance. 

    — Ohm va bien, il va se réveiller et fixer nos téléphones ne vont pas le sortir des bras de Morphée plus vite. Fluke a promis de nous prévenir et il le fera, mais en attendant, tout le monde au lit.

    Elle se lève de sa chaise en récupérant son téléphone et lance à mon oncle et moi un regard qui nous dit de lui obéir sans quoi, elle devra se montrer bien plus ferme. Croyez-moi, ma mère peut être terrifiante, alors je jette un coup d'œil à mon oncle qui m’observe, on se fait un petit sourire avant de se lever à notre tour. 

    Je les quitte après leur avoir souhaité une bonne nuit, je me douche rapidement avant de prendre le chemin de ma chambre. Comme je m’y attendais, elle est plongée dans la pénombre, seule une petite veilleuse est allumée pour me permettre de venir me coucher sans le déranger. Ce à quoi je ne m’attendais pas, par contre, c’est que mon lit soit vide et que Nine soit posté devant la fenêtre en train de regarder l’extérieur. 

    Je fronce les sourcils en observant la silhouette de mon petit ami et d’ici je peux voir qu’il frissonne. Sans attendre, je le rejoins et je passe mes bras autour de ses épaules, je colle mon torse contre son dos et l'étreint le plus étroitement possible afin de lui transmettre de la chaleur. 

    — Qu’est-ce que tu fais là, Nine ?

    Je chuchote à son oreille, n’osant pas vraiment lever la voix quand je me rends compte qu’il ne réagit pas vraiment à mon approche et qu’il semble complètement perdu dans ses pensées. Je m’inquiète un petit peu, mais quand il pousse un petit bruit de contentement et qu’il s’appuie contre moi, je me détends légèrement et pose ma tête contre son épaule. 

    — Je n'arrivais pas à dormir. Je n’arrête pas de revoir l’accident dès que je ferme les yeux.

    Je dépose un baiser juste derrière son oreille et le serre plus fort contre moi. 

    — Pourquoi tu n’es pas venu nous rejoindre ? 

    J’ai déjà ma petite idée de ce qu’il va me répondre, mais je suis curieux quand même. Il aurait été le bienvenu avec nous et cela l’aurait empêché de trop réfléchir surtout. Il hausse les épaules dans un premier temps comme si la réponse n’était pas vraiment importante. J’attends sans rien dire, je lui laisse le temps d’oser formuler cette phrase qui m’énerve à chaque fois.

    — Je ne voulais pas vous embêter alors que vous êtes en famille. 

    Et voilà, il l’a dit, encore une fois. Je déteste tellement quand il dit ça, comme si lui n’était pas tout aussi important pour moi. Cette fois je reste calme, silencieux et je préfère le bercer lentement en observant le jardin plongé dans l’obscurité. Petit à petit, je sens sa peau se réchauffer sous mes doigts à travers le tissu de son pyjama et ça me rassure. Je décide alors de briser le silence, de le reprendre comme chaque fois que l’on a cette discussion, sauf que cette fois je ne me mets pas en colère.

    — Nine… tu le sais n’est-ce pas ? Que tu fais totalement partie de ma famille. 

    Ma voix reste douce, posée et je me surprends moi-même d’en être capable. Je ne suis pas le meilleur pour rassurer les gens, j’ai tendance à être trop franc, trop brut, mais ce n’est plus juste mon meilleur ami, c’est mon petit ami et je veux le rassurer et prendre soin de lui. Je le connais bien maintenant, je sais que l’accident de Ohm a fait remonter des émotions qu’il tente chaque jour de refouler. Je le sens hocher la tête et même s’il ne dit rien, c’est déjà un bon début. 

    — Allez viens, allons nous coucher.

    Je veux quitter ce point d’observation, je veux lui dire tout ce que j’ai à lui dire, dans un endroit chaleureux et confortable. Il se laisse entraîner sans aucune résistance et on se retrouve assis en tailleur sur mon lit, l’un en face de l’autre. Je soupire alors qu’il garde le silence et comme toujours dans des moments comme celui-là, je voudrais le secouer pour le faire parler. Pourtant, je le sais, c’est quelqu’un de réservé et de calme, il sait parfaitement bien se faire oublier. Je sais pourquoi il est comme ça et comme chaque fois que j’y pense, ma mâchoire se contracte. 

    — Tu as réussi à contacter tes parents ?

    Nos regards se croisent avant qu’il ne baisse rapidement les yeux sur ses mains en train de jouer avec ma couverture. Je connais déjà la réponse et la colère monte tellement que je ne suis pas loin d’avoir envie de jeter quelque chose contre le mur pour me calmer. Parfois j’aimerais aller voir ses parents, leur dire ma façon de penser, leur faire ouvrir les yeux sur ce qu’ils sont en train de faire, mais Nine m’a fait promettre de ne jamais le faire. 

    — Ils sont encore à Bangkok pour trois semaines. Ce soir, ils ont un gala de charité et à partir de demain, ils seront injoignables pour plusieurs jours.

    Les parents de Nine ont grandi dans une grande misère, quand ils se sont rencontrés, ils se sont promis que leur famille, que leur enfant ne souffrirait jamais de la faim. Seulement, ils ont oublié qu’un enfant n’a pas seulement besoin d’avoir le ventre rempli pour être heureux. Ils ont travaillé comme des fous pour que leur entreprise se développe et devienne prospère et au final, ils ont préféré leur affaire au bonheur de leur enfant. Nine a passé plus de temps seul qu’en compagnie de ses géniteurs. 

    Je prends une profonde inspiration pour ne pas exploser, mais rester concentré sur celui qui, à force d’être seul dans un coin pour ne pas déranger ses parents, a développé un don pour se fondre dans le décor. Je me souviens encore de notre rencontre, c’était à l’école, je jouais au foot en fanfaronnant auprès de mes amis, jusqu’à ce que j’envoie le ballon dans les buissons. Je suis allé le chercher et c’est là que je l’ai vu, recroquevillé dans un coin, à l’abri des branchages en train d’observer le reste de la cour.

    Je tends la main et lui caresse la joue avec le pouce et aussitôt, il appuie dessus, ce qui me fait sourire en coin. 

    — Reste chez moi jusqu’à ce qu’ils reviennent. 

    Cette proposition, je la lui fais souvent, je n’aime pas le savoir dans cette immense maison seul à se morfondre. La plupart du temps heureusement, il accepte et alors il sort de sa coquille, être en contact avec une famille aimante, qui prend soin de lui, lui fait toujours du bien. Pourtant, il m’a déjà confié à plusieurs reprises que ça le terrifiait aussi, il a peur que soudain, on l’abandonne aussi, comme le font ses parents. 

    — J’étais en train de penser… que s’il m’arrivait quelque chose à moi aussi. Ils ne viendraient pas… ils ne se précipiteraient pas à mon chevet pour s’assurer que je vais bien. Je serais seul. 

    Sa voix se brise à la fin, alors que je ne peux pas totalement réfuter cette affirmation comme je le voudrais. Il se penche en avant et pose sa tête contre mon torse, ses bras s’enroulant autour de ma taille et je peux entendre des sanglots silencieux. Il ne pleure jamais Nine, c’est là sa façon de le faire, sans larme, mais juste des sanglots douloureux qui lui déchirent la poitrine. Je passe mes bras autour de ses épaules et pose ma tête au-dessus de la sienne. 

    — C’est vrai, tes parents ne viendraient pas, mais il y a une chose sur laquelle tu te trompes. 

    Si le début de ma phrase peut sembler ne pas l’aider, elle reste la vérité, ce serait débile de ma part d’essayer de lui faire croire le contraire. Pourtant, il se trompe, il n’en a peut-être pas conscience et je suis bien déterminé à ce que le message rentre dans sa tête une bonne fois pour toute. Il relève la tête vers moi, curieux, attendant que je termine mon explication, sûrement dans l’idée de me dire que j’ai tort. Nos visages sont très proches l’un de l’autre, je sens son souffle s’échouer sur mes lèvres,  je le regarde droit dans les yeux avant de continuer le plus sérieusement du monde.

    — S’il t’arrivait quoi que ce soit, alors je serais le premier à me précipiter à ton chevet. Je serais toujours là pour toi. Toujours. Tu n’es pas seul.

    Sa respiration se fait saccader au fur et à mesure que je parle alors que nos regards se font plus intenses, le temps semble s’être suspendu jusqu’à ce qu’il saisisse le col de mon t-shirt et comble l’espace entre nous. 

    Nos lèvres se rencontrent avec férocité, c’est un baiser passionné, fougueux et désespéré. On ne s’est encore jamais embrassé de cette manière et j’ai l’impression que mon corps s’embrase quand nos langues se rencontrent et bataillent l’une contre l’autre. Mon bas ventre se contracte d’anticipation alors que le bruit qui s’élève dans la pièce n’est que respiration haletante et baisers humides.  

    Je sais que ce baiser pourrait nous entraîner vers quelque chose de beaucoup plus physique et intime. C’est un baiser aussi dangereux qu’agréable, mon corps y réagit rapidement et j’ai du mal à garder l’esprit clair. Surtout quand soudain, sans quitter mes lèvres, il se rapproche, il vient s’asseoir sur mes cuisses, nos corps complètement coller l’un à l’autre, je pose mes mains au creux de ses reins en soupirant. 

    Je sens qu’il est dans le même état que moi, que la situation l’excite et il ne faudrait pas grand chose pour que les choses basculent. J’ai envie de lui, j’ai envie de découvrir son corps et de le sentir se crisper autour de moi. Pourtant, quand ses hanches bougent contre moi, à la recherche d’une friction qui accentuerait le plaisir et le désir que l’on ressent déjà, je l’entoure fermement avec mes bras pour l’immobiliser. 

    Il ne fait pas tout ça par envie, il cherche à se rassurer, à ne pas se sentir seul et je refuse que notre première fois ne soit autre chose qu’un moment d’amour entre nous. Pourtant, je ne veux pas le repousser non plus, je ne veux pas qu’il prenne ça pour un rejet de ma part. Alors je suis soulagé quand petit à petit le baiser s’apaise, nos langues se caressent doucement, nos lèvres bougent tendrement et la tension redescend. 

    On s’embrasse à plusieurs reprises, sans l'approfondir, lèvres contre lèvres, c’est suave et tendre en même temps et je pense que je pourrais rester toute la nuit à l’embrasser de cette manière alors qu’il est assis sur mes cuisses. Avant que je ne puisse réagir, il me donne un dernier bisou et vient cacher son visage dans mon cou, nos corps sont tellement serré l’un contre l’autre qu’une feuille de papier ne passerait pas. Je caresse lentement son dos de haut en bas et je dois prendre plusieurs grandes inspirations pour calmer le reste de désir qu’il a su faire naître en moi. 

    — Nine… reste ici avec moi le temps que tes parents rentrent.

    Je repose doucement ma question et j’espère vraiment que cette fois il va répondre et surtout accepter ma proposition. 

    — D’accord. 

    Sa voix n’est qu’un murmure, mais je l’ai clairement entendu et un grand sourire prend naissance sur mon visage. Il se redresse et ses lèvres retrouvent les miennes, elles se caressent, s’entrouvrent et se goûtent avec lenteur, sans se presser, c’est son moyen de sceller sa promesse de rester près de moi. Je me dis que je devrais lui faire promettre des millions de choses pour qu’il m’embrasse de cette manière encore et encore. 

    Nos téléphones émettent une sonnerie en même temps, mais il nous faut encore quelques instants dans notre bulle avant que nos lèvres ne se séparent. Son visage est plus apaisé, ses yeux sont brillants et je sais que sa peur est muselée pour quelques temps. Je sais aussi qu’elle peut revenir autant qu’elle veut, je serai toujours là, près de lui pour la faire taire. Il descend de mes cuisses et je soupire, un peu déçu, quand il s’étire pour prendre son téléphone et que la bonne nouvelle tombe rapidement. 

    — Ohm est réveillé, il va bien.

    Je pousse un soupir de soulagement et j’ai un petit rire joyeux qui m’aide à chasser le reste de la peur que j'avais. Maintenant, j’ai hâte de le retrouver, de le prendre dans mes bras et de lui dire combien je l’aime mon grand frère. Je m’allonge dans le lit, soudain épuisé par cette journée riche en émotion.

    — Allez viens mon coeur, dormons.

    Nine se fige quand il m’entend l’affubler de ce petit surnom et il me regarde la bouche entrouverte, un air ahuri sur le visage.

    — Qu’est-ce que c’est niais…

    J’éclate de rire face à sa réaction et je tire sur son bras pour le forcer à venir me rejoindre. Sa tête se pose sur mon torse, nos jambes s’emmêlent et je dépose sur sa joue un baiser sonore.

    — Je n’y peux rien, tu me rends niais, mon coeur. 

    J’insiste sur le dernier mot et je le vois râler, mais je sais que dans le fond c’est pour la forme, parce que ses joues se sont légèrement colorées et son sourire est bien plus large que tout à l’heure. On s’embrasse une dernière fois et il ne faut pas très longtemps avant que l’on s’endorme tous les deux, étroitement serrés l’un contre l’autre.



  • Commentaires

    2
    Jeudi 8 Juillet 2021 à 20:20

    Je me doutais pas du tout de ce que Prem avait pu endurer par le passé, c'est horrible. Heureusement, il a fait la bonne rencontre, Joong. Je sais que je me répète mais je trouve Joong vraiment super......

    La partie Joss : Ah, il n'y a pas que moi qui doute pour l’échafaudage mais aussi les policiers.....et je comprends mieux pourquoi ces deux policiers continuent leur enquête alors que d'autres ont abandonné.

    Les parents de Nine n'auront pas la chance de connaître leur fils, il a dû vraiment se sentir seul.....

    1
    Mercredi 12 Mai 2021 à 21:11
    Hhheeennn. Merci d'avoir mis un chapitre en plus aujourd'hui, j'ai pu continuer tout d'une traite jusqu'à maintenant. Cette histoire me tiens en haleine chaque seconde. Je persiste à dire que tu as un talent fou l'écrivaine. Je suis impatiente. Je reviendrais faire un tour dans quelques semaines (mois), pour la suite. Merci encore.
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