• Chapitre 2 : Succumbing To Love

    Chapitre 2

    La séance photo a été un calvaire, rester dans la même pièce que les serpents est déjà difficile, mais j’ai cru que j’allais tourner de l'œil quand j’ai dû en poser un autour de mon cou. Heureusement, Boun est resté près de moi à chaque seconde de la séance, il ne s’est pas éloigné même quand il n’était pas devant l’objectif en me tenant la main aussi souvent que possible. 

    Je ne suis pas certain que les photos soient belles, je suis sûr que mon sourire crispé est bien visible sur chacune d’elles, quoi qu’en dise le photographe. Le pire, c’est quand j’avais le serpent dans les mains et que j’ai dû approcher sa gueule pleine de crochets de mon visage, comme si j’allais l’embrasser. J’ai dû le faire avec le sourire, comme si c’était naturel pour moi de le faire alors qu’intérieurement, je luttais contre la nausée et l’envie d’envoyer le reptile dans les airs le plus loin possible de moi.

    Quand le photographe annonce qu’il a tout ce qu’il lui faut, mon coeur bondit dans ma poitrine, enfin la torture est terminée. Habituellement, je reste un moment, je remercie tout le monde, je discute avec les gens, mais pas là, je sors après avoir fait un Waii général et me rue vers notre loge. Je tremble de partout, ma poitrine m’oppresse, alors que j’ai la sensation de sentir leur corps plein d'écailles s’enrouler autour de mes chevilles avant de lentement grimper le long de mon corps pour.... J’ai tout juste le temps d’entrer dans la loge et de me précipiter dans la petite salle d’eau que je vomis tout ce que mon estomac contenait.

    Je reste un moment au-dessus des toilettes, la respiration haletante alors que la nausée me tord encore l’estomac. J'ai l'impression que je ne suis pas loin d'avoir une nouvelle crise d'angoisse. C'est alors qu'une main connue se pose sur mon dos et le frotte doucement, presque tendrement. 

    C'est fini Nong. Tu as été super. Tu vas pouvoir te reposer maintenant, d'accord ?

    J'acquiesce doucement, les yeux fermés, je savoure la caresse et je réussis à prendre une profonde inspiration qui me fait froncer le nez. Je me rends compte que je viens de vomir et qu’il se tient juste à côté de moi. Je tente mollement de le repousser, mais je n'ai plus de force et au fond j'ai juste envie de me laisser aller entre ses bras et de retrouver la chaleur qu’il me procure. 

    Ne reste pas là Phi, c'est... C'est dégoûtant. 

    Il soupire alors que sa main fraîche se pose sur ma nuque, me faisant soupirer de bien-être, puis il se redresse et tire la chasse d'eau. 

    Ne reste pas là non plus. Tu vas te laver les dents et ensuite je te ramène chez moi, tu dors à la maison ce soir.

    Je suis surpris par la fin de sa phrase, voilà une autre frontière qui n’a jamais été franchie auparavant. Je suis déjà allé chez lui, mais jamais l’idée d’y dormir n’avait été envisagée. Il semble prêt à briser toutes nos règles à cause de moi et de ma peur et dans un coin de ma tête, je ressens une légère appréhension à cause de ça. Je n’ose pas imaginer ce qui se passera après parce que, depuis le baiser de tout à l’heure, j’ai l’impression que quelque chose a changé au fond de moi, mais également dans la manière dont on se comporte l’un avec l’autre. On se touche plus souvent et je me surprends à en vouloir encore plus, à vouloir ses lèvres sur les miennes et plusieurs fois, alors que je devais poser avec les serpents, je me suis imaginé ce baiser encore et encore et ce qui pourrait se passer après.

    Je le laisse me redresser, il me tient fermement contre lui, un bras enroulé autour de la taille et heureusement, car j’ai du mal à tenir debout sur mes jambes flageolantes. Vomir m’a au moins enlevé la sensation de poids dans mon estomac. Je me lave les dents minutieusement sous le regard attentif de Boun qui est resté près de moi, me caressant le bas du dos sans se lasser. C’est un toucher doux et chaleureux qui m’aide petit à petit à me détendre. 

    Quand on retourne dans la loge, je suis heureux de me débarrasser de ma tenue, je ne suis même pas gêné quand je me retrouve en sous-vêtement devant lui. La seule chose à laquelle je pense, c’est d’inspecter discrètement mon corps pour m’assurer qu’aucun serpent n’est sur moi. Je suis moite de transpiration, je me tiens là, incapable de prendre une décision, prendre une douche maintenant ou bien mettre le plus de distance entre les serpents et moi. 

    Je frémis quand les bras de Boun entourent ma taille et qu’il se colle à moi en posant son menton sur mon épaule. Il ne dit rien, il est encore habillé et il se contente de me bercer doucement, pour continuer à m’apaiser et je dois dire que ça fonctionne plutôt bien, du moins, jusqu’à ce que je me souvienne que je ne suis justement pas douché.

    Phi, ne fais pas ça, je suis tout transpirant, c'est sale...

    Ne dis pas de bêtises. Tu n'es pas sale...

    Et comme pour prouver ses dires, il pose ses lèvres juste à la jonction de mon épaule et de mon cou, je frissonne et glapit mais je ne cherche pas à le repousser. 

    Je suis fier de toi. Tu es bien plus fort que tu ne le crois.

    Mon cœur bat la chamade alors qu'il parle tout contre ma peau en y déposant de petits baisers. C'est agréable, très agréable même, et comme plus tôt dans la journée dans les escaliers, je ressens des choses inédites qui m'apportent des dizaines de questions et je ne peux pas m’empêcher de lui poser la question. 

    Boun... Qu'est ce que tu fais ?

    Ma voix est étrange, hésitante et c’est comme si je ne contrôlais pas vraiment mon corps, car je finis par bouger la tête sur le côté pour lui laisser un meilleur accès à mon cou. 

    Je ne sais pas... Mais... j'ai envie de le faire depuis longtemps, j'aime le faire.

    Sa réponse, au lieu de m’apporter une réponse claire sur ce qui est en train de se passer, me rend encore plus confus. J’ai l’impression que je devrais le repousser, l’empêcher de continuer, mais je n’ai pas envie de le faire. Je ferme les yeux et gémis légèrement quand il mordille le lobe de mon oreille, mon bas ventre se contracte, laissant apparaître de l’envie. Je m’appuie un peu plus contre lui alors que ses mains caressent lentement mon ventre. Je perds pied à nouveau, je me laisse aller grâce à ses caresses et ses baisers, il déclenche des sensations et des émotions en moi complètement inédites.

    Je sursaute violemment quand des coups sont portés à la porte, j’ai le souffle court et on se trouve dans une position assez équivoque. Les mains de Boun sont posées sur l'élastique de mon caleçon et je me rends compte que mes mains ont glissé en arrière et se sont posées sur ses fesses, le collant contre moi. Je rougis, je ne comprends pas ce qui m’arrive, j’aime les femmes, c’est ce que j’ai toujours pensé, pourtant, sentir son sexe durcir contre mes fesses ne me rebute pas du tout, bien au contraire, comme le prouve mon propre état. 

    Les garçons, vous avez besoin de quelque chose, tout va bien ?

    Je sursaute quand la voix de mon manager s’élève derrière la porte, j’avais déjà oublié sa présence. Je me mordille la lèvre, mais je ne bouge pas, je ne réponds pas, parce que je ne suis pas certain que ma voix ne me trahira pas. Heureusement, Boun semble capable de réfléchir et répond à la question d’une voix rauque et chaude qui m’envoie une décharge électrique dans mon bas ventre. 

    Non Phi, tout va bien, on se change et après je ramènerai Nong chez moi pour ne pas le laisser seul ce soir.

    Il n’y a aucune marque d’hésitation dans sa réponse alors que son nez glisse sur mon épaule et que je frissonne. Il faut que l’on discute tous les deux, que l’on comprenne ce qui est en train de nous arriver. Je suis complètement attiré par lui, par ses caresses, par ses baisers et sa présence. Pourtant, au lieu de chercher à comprendre, mes mains caressent ses fesses, découvrant ses courbes lentement. J’ai de nouveau oublié mon manager qui se tient toujours derrière la porte fermée, je ne pense qu’à lui se collant encore plus contre moi.  

    D'accord, rentrez tout de suite et reposez-vous ce soir. Je passerai vous voir demain. Nong Prem tu as été très bien, détends-toi maintenant.

    J'entends et comprends difficilement ce qu'il me dit, je suis bien trop concentré sur la bouche de Boun qui me dévore la nuque déclenchant de longs frissons le long de ma colonne vertébrale.

    Ou... Oui.. D.. D'accord. 

    Je contrôle à peine ma voix, elle est trop aiguë, pas assurée et même moi, j’entends les tremblements. Heureusement, il doit prendre ça pour un reste de peur car je l’entends juste soupirer derrière la porte avant qu’on ne l’entende s’éloigner. Je me détends en laissant un long soupir s'échapper de ma bouche alors que les mains de Boun caressent mon torse. Je veux qu’il continue à me faire savourer ses sensations, mais je veux aussi comprendre pourquoi il se montre si tactile envers moi. 

    Phi... Je croyais que...

    Je croyais que nous n'étions que des amis, des professionnels. Je n’arrive même pas à finir ma phrase quand je sens ma peau aspirer entre ses lèvres, au contraire, c’est un gémissement qui s’élève et je me sens rougir de produire un son pareil. Heureusement, il a compris ce que je voulais demander, je ne suis pas sûr de réussir à réellement formuler mes pensées.

    J'ai voulu mettre ces règles en place... Parce que c'était plus facile de te tenir à l'écart. Je pensais que... Tu aimais juste les femmes.

    Il soupire en me confiant ça à mi-voix avant de poser son front sur mon épaule. J'ai l'impression d'être stupide parce que je ne comprends pas ce qu’il essaie de me dire. Lentement, je me retourne dans ses bras pour lui faire face et pouvoir le regarder, mais il évite mon regard, ce qui ne lui ressemble absolument pas. 

    Phi ? 

    Je prends son visage entre mes mains pour le forcer à me regarder et quand, finalement, nos yeux se croisent, c’est une envolée de papillons dans ma poitrine. Son regard est sombre, empli de désir et… d’amour. J’avais déjà vu ce regard, quand on jouait les scènes d’intimité, quand son personnage devait montrer son amour pour le mien mais… j’avale difficilement ma salive car cette fois, je sais que ce n’est pas un jeu, c’est lui, ce sont ses sentiments qu’il laisse échapper.

    Tu me plais Nong… depuis le tout début, je suis tombé amoureux de toi. Ces règles, c’est parce que je ne voulais pas que tu te sentes mal à l’aise, parce que, si je suis trop proche de toi… je ne peux pas résister. 

    Ma bouche s’entrouvre alors qu’il se livre soudain à moi, qu’il laisse tomber toutes ses barrières. On ne se quitte pas des yeux et je ne sais pas vraiment comment je dois réagir. Jamais je n’avais eu le moindre doute, jamais je n’avais imaginé aimer les hommes et pourtant, je m’étais rarement senti aussi bien avec quelqu’un qu’à cet instant dans ses bras. J’allais ouvrir la bouche pour lui répondre, mais il me fait un petit sourire et me caresse lentement les lèvres. 

    Tu n’es pas obligé de répondre. Je… je ne recommencerai plus. Promis.

    Tout en parlant il s’éloigne de moi, comme s’il voulait remettre de la distance entre nous, faire comme si ce qui s’était passé aujourd’hui ne s’était pas passé. Je ne prends même pas le temps de réfléchir et je le ramène contre moi, je passe mes bras autour de son cou et l’empêche de bouger. 

    Ne fais pas ça… ne décide pas tout seul pour nous. 

    Ses bras entourent ma taille et on reste un moment comme ça, dans les bras l’un de l’autre. 

    Phi, je ne sais pas encore… je me sens bien avec toi. 

    Je me redresse avant de lui caresser la joue tendrement et cette fois, c’est moi qui, en douceur, capture ses lèvres. Ce baiser est différent des autres, il est tendre, doux et je me surprends moi-même à l’embrasser de cette manière. J’ai l’impression que mon coeur et mon corps sont déjà au courant avant mon cerveau. Nos lèvres se quittent, mais on ne bouge pas, je le regarde avec un petit sourire tendre, ma main caresse doucement ses cheveux et je n’ai pas envie de bouger, seulement, j’ai soudain un frisson, mon corps se couvre de chair de poule et Boun fronce des sourcils. Il me repousse lentement, mais cette fois, je le laisse faire. 

    Habille-toi, je me change et je te ramène à la maison.

    On ne se parle pas beaucoup une fois que l’on sort du studio, mais on se touche toujours d’une manière ou d'une autre. Que ce soit son bras passé autour de ma taille alors qu’il me guide vers sa voiture, ma main qui caresse doucement sa nuque alors qu’il conduit ou bien nos mains liées ensemble quand il m'entraîne vers son appartement. 

    Tu veux aller prendre une douche pendant que je commande à manger, après tu pourras aller dormir si tu en as besoin.

    Je secoue la tête. Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai l’impression que si je m’éloigne de lui avant qu’on ait eu le temps de parler tous les deux, alors il redeviendra comme avant et on laissera sûrement passer quelque chose que je ne comprends pas encore totalement. 

    Prends ta douche avec moi…

    Je me retrouve à rougir quand je réalise ce que je suis en train de demander.

    Nong… tu n’es pas obligé de faire ça… je…

    C’est tellement étrange de voir Boun si timide, il rougit également, il n’ose pas vraiment me regarder et j’ai l’impression qu’il se sent coupable de ce qui vient de se passer. Il a dépassé les limites qu’il s’était fixées et il doit avoir peur de ce que notre relation va devenir pour la suite. Je me dis que je dois le rassurer et que l’on n’arrivera à rien tant qu’on n’aura pas eu cette conversation.

    Boun, je ne me force pas tu sais.

    Je l’attire vers moi, mes mains se perdant dans ses cheveux, on se regarde droit dans les yeux et je passe rapidement ma langue sur mes lèvres pour les humidifier. 

    Tu aurais dû m’en parler, je ne savais pas, je ne me doutais pas.

    Je n’arrive pas à imaginer combien ces derniers mois ont dû être difficiles pour lui, cacher ce qu’il ressentait tout en devant être proche de moi. 

    J’aime les femmes, c’est ce que je me suis toujours dit.

    Je suis maladroit dans ma manière de parler, je ne sais pas vraiment comment exprimer ce que je ressens vraiment et je me gronde intérieurement quand je vois son regard s’attrister. 

    Pourtant… je ne me suis jamais senti aussi bien et à l’aise que quand je suis près de toi. 

    J’avale ma salive en rassemblant mon courage pour continuer à lui expliquer ce que même moi je n’arrive pas encore à comprendre. 

    Je ne sais pas exactement ce que je ressens, mais s’il te plait… ne t’éloigne pas de moi.

    Je ne veux pas qu’il se cache de nouveau derrière ses règles, je ne veux pas qu’il arrête de me prendre dans ses bras. Parce que je suis convaincu que, même si je ne sais pas vraiment, je ressens quelque chose de très fort pour lui, sinon, l’idée qu’il arrête de m’embrasser ne m'attristerait pas de cette manière. 

    D’accord. Je ne m’éloignerai pas, je te laisserai du temps.

    Il m’attire contre lui et je soupire de bien-être quand je retrouve de nouveau la chaleur de ses bras. J’ai oublié la séance photo, j’ai oublié les serpents et la peur, je ne pense plus qu’à l’instant présent. 

    Allons nous doucher.

    Il me prend par la main et m’entraine vers la salle de bain, on n’est pas ensemble, on n’est pas tout à fait des amis non plus, mais je ne veux pas trop me poser de questions, la journée a été difficile et je veux juste rester dans ses bras, là où je me sens en sécurité. Je rougis un peu quand on se déshabille, se voir en caleçon est quand même largement différent que de se mettre totalement nu. Mes pouces glissent sur l'élastique de mon sous-vêtement, du coin de l'œil je peux voir Boun m’observer, son regard s’assombrit et c’est sûrement l’éclair de désir que je perçois qui me donne le courage de finalement le faire glisser le long de mes jambes.

    L’eau chaude coule le long de ma peau et je soupire en sentant les traces de transpiration se détacher de ma peau. C’est plaisant, c’est comme si je finissais de me débarrasser de la peur. Ce qui serait parfait, ce serait que Phi Boun ne se tienne pas si loin de moi. J’attrape sa main, l’attire sous le jet d’eau avant d’entourer mes bras autour de son cou et de poser ma tête contre son épaule. Comme plus tôt dans la journée, ses mains glissent le long de mon dos. Le silence s’éternise pendant un long moment, mais ce n’est pas dérangeant. 

    Nong, tu vas mieux ? Tu m’as fait peur aujourd’hui.

    Il dépose un baiser contre mon cou et je le serre plus fort contre moi. 

    Je vais bien, tu étais près de moi et c’est pour ça que j’ai réussi. 

    Je tourne la tête et nos bouches se retrouvent, je me sens tout de suite soulagé quand elles commencent à bouger ensemble et que la contraction dans mon bas ventre se refait aussi forte que dans la loge tout à l’heure. Pourtant, il ne fait rien de plus que m’embrasser, ses mains restant sagement sur mon dos et je suis surpris de ressentir de la frustration. Frustration que Boun doit sentir car il rit doucement contre ma bouche avant de reculer. 

    Nong on ne fera rien de plus, pas tant que tu ne seras pas au clair sur ce que tu veux et ressens, d’accord ? 

    Je soupire avant de hocher doucement la tête pour montrer que je suis d’accord. Je sens soudain la fatigue prendre le dessus, je m’appuie un peu plus contre lui, posant ma tête sur son épaule et je savoure l’eau qui ruisselle sur moi et la chaleur de ses bras. La peur, l’angoisse et les sensations qui se sont éveillées en moi aujourd'hui m’ont épuisées et je sais très bien que s’il ne me soutenait pas, alors je m’écroulerais sur le sol. Je me souviens à peine de comment il s’y est pris, mais bien vite je me retrouve allongé entre des draps frais et surtout je suis dans ses bras. Je sais, alors que mon oreille se pose contre son torse et que j’entends le rythme calme de son cœur, que cette nuit, malgré ce que je viens de vivre, je ne ferai pas de cauchemar, parce que Boun est là et qu’il les empêchera de venir m’ennuyer.

    Trois semaines sont passées depuis cette séance photo, trois semaines où je n’ai pas pu revoir Boun et c’est une véritable torture de ne pas être proche de lui. Pourtant, si l’absence est difficile, cela a au moins le mérite de me faire comprendre ce que je ressens pour lui. Ce n’est pas juste un collègue, ce n’est pas vraiment un ami, maintenant j’en suis sûr, j’ai des sentiments forts pour lui. Ses bras, ses lèvres, sa présence et nos conversations me manquent en permanence.

    On est tous les deux très occupés à cause de nos études, de notre travail et de nos familles. Alors on essaie de s’appeler, mais on est tellement fatigué tous les deux que ça ne dure jamais très longtemps. Ce soir, je rentre encore dans mon appartement sans avoir eu l’occasion de le voir et ça me mine. Je me demande si je dois lui avouer ce que je ressens pour lui au téléphone ou bien, si je dois attendre de le voir pour le faire. 

    Je pousse un petit cri quand, au moment où je vais ouvrir ma porte, je sens une masse atterrir contre mon dos alors que des bras m'emprisonnent dans leur étreinte. La peur laisse vite place à l’apaisement quand je reconnais la personne qui me serre dans ses bras. 

    Phi ! 

    Je ne réfléchis même pas au fait que l’on est encore à l’extérieur, que l’on pourrait nous voir, je me retourne et lui rends cette étreinte. 

    Tu m’as tellement manqué.

    Je pose mon nez contre son cou et inspire profondément, il rit doucement avant de me faire reculer lentement pour que l’on rentre dans mon appartement.

    Tu m’as manqué aussi Prem.

    C’est naturellement que nos lèvres se retrouvent comme si nos corps savaient déjà parfaitement ce que l’on ressent l’un pour l’autre. C’est un baiser doux, presque timide et pourtant il me semble incroyable. Mon cœur accélère, mon ventre se tord et s’il restait le moindre doute dans mon esprit, il est balayé quand sa langue vient effleurer la mienne. Je recule lentement et je frémis sous les sensations qu’il éveille en moi, ses mains empoignent mes fesses, le désir monte en flèche et je n’ai plus aucun doute sur ce que je veux vraiment. 

    Je le fais s’asseoir sur le canapé juste à côté de lui et sans attendre, je m’installe sur ses cuisses. Nos lèvres ne se sont pas quittées, elles dansent un ballet effréné, je ne veux surtout pas qu’elles se séparent, c’est tellement bon de les sentir si douces contre les miennes. J’ai l’impression de me retrouver dans le même état que trois semaines plus tôt, quand il m’a embrassé pour la première fois pour me faire oublier ma peur. 

    J’ai besoin de le sentir proche de moi, de sentir ses mains sur ma peau et le feu se répandre dans mon corps comme une traînée de poudre. Je peux sentir la chaleur de ses mains posées sur mes hanches même à travers mon jean et un long frisson remonte le long de ma colonne vertébrale. D’un geste brusque, je remonte son t-shirt pour pouvoir accéder à sa peau, je laisse lentement mes doigts parcourir le tracé de ses muscles. Je gémis quand ma langue trace la ligne de son cou. Ces sentiments sont tellement puissants et forts que je me demande depuis quand je les ressens, depuis le début je pense. Je m’en veux un peu de m’être caché derrière une hétérosexualité affirmée pour camoufler ce qu’il éveillait en moi, je sais que j’ai dû le faire souffrir même si ce n’était pas intentionnel. Ma bouche se pose sur son épaule et j’aspire doucement la peau délicate entre mes dents, je le marque sans même y penser et ses mains se crispent sur mes hanches. 

    Nong, attends… 

    Mes mains se sont posées sur ses pectoraux que je découvre lentement alors qu’il tente de reprendre le contrôle. Il pose finalement ses mains sur les miennes pour m’empêcher de les bouger, mais je grogne un peu pour lui montrer mon mécontentement.

    On devrait… 

    Sa phrase s’interrompt quand je laisse ma langue glisser le long de sa mâchoire. 

    Prem…

    C’est un murmure qui s’échappe finalement de sa bouche alors qu’il perd le fil de ce qu’il voulait dire. Je mordille un instant le lobe de son oreille et ses mains libèrent les miennes pour aller se fourrer dans mes cheveux et m'empêcher de me reculer. 

    Je sais ce que je veux maintenant Phi Boun…

    Je laisse un sillon de baisers sur la peau de son cou tout en murmurant, laissant mon souffle déclencher des frissons. 

    Je t’aime… depuis longtemps et...

    Il se fige quand les mots sortent de ma bouche, je ferme les yeux pour continuer mon explication, je suis tremblant, j’ai peur qu’il rejette mes sentiments. Et si finalement, je m’étais trompé ? 

    Je veux te le prouver maintenant, me faire pardonner de t’avoir fait attendre. 

    Pour bien lui faire comprendre ce que je veux faire, je bouge des hanches contre lui, nos sexes frottent et la sensation est indescriptible et terrifiante en même temps. Sa réaction n’est vraiment pas celle que j’imaginais puisqu’au lieu d’accueillir mon offre avec envie, il enroule mes hanches et les maintient fermement contre lui, m’empêchant tout mouvement. Le silence retombe et on n'entend plus que nos respirations légèrement essoufflées. J’avale difficilement ma salive, je ne sais plus quoi faire maintenant, il ne veut pas de moi, il me rejette et… mon corps se met à trembler encore plus fort et je sens ma poitrine se compresser. J’ai soudain honte, de mes paroles, de mes actions, je ne suis qu’un ami et je viens de lui sauter dessus. Toujours caché contre son cou, je me mords fortement la lèvre pour ne pas craquer, je pourrais juste lui dire que c’était une blague ou bien… non, je veux juste aller me cacher sous ma couverture et oublier ce qui vient de se passer.

    Je tente de me reculer, de me lever pour fuir dans ma chambre et prier pour qu’il oublie et qu’il n’y ait pas de malaise entre nous. Seulement, j’ai à peine reculé de quelques centimètres qu’il me rapproche de lui avec fermeté. 

    Nong… tu m’aimes vraiment ?

    Sa voix est basse, rauque, emplie de désir et je sens qu’il fait beaucoup d’efforts pour se maîtriser. Ma timidité est rapidement revenue et je me redresse avec, je l’imagine, des joues rouges écarlates, je n’ose même pas croiser son regard alors que je suis toujours assis sur lui. C’est plus simple de fixer le suçon que je lui ait fait, même si ça me fait rougir d’autant plus, j’ai l’impression d’avoir le visage en feu.

    Oui…

    C’est d’une voix presque inaudible que je lui réponds, seulement, du coin de l'œil, je peux voir qu’il m’a entendu. C’est un sourire magnifique, éclatant, qui prend vie sur son visage, sa grande main relâche mon corps et vient caresser ma tête avec douceur. Je peux sentir son regard sur moi et j’ose enfin croiser ses yeux qui étincellent, sa main descend lentement sur ma joue et je soupire doucement en appuyant ma joue contre elle.

    Je t’aime aussi.

    Sa voix est une caresse à mes oreilles tant elle est douce, je me mordille la lèvre inférieure alors que l’on ne se quitte pas un instant des yeux. 

    Nong, je ne veux pas que la première fois où l’on fera l’amour, ce soit parce que tu penses que tu dois te faire pardonner quelque chose, d’accord ?

    Je veux soudain me cacher le visage alors que ses paroles me font rougir encore plus. C’est à ce moment là que je me rends compte que mes mains sont toujours posées sur ses pectoraux et je les enlève brusquement, comme si j’avais été brûlé. J’ignore son petit rire moqueur alors qu’il continue de me cajoler, comme s’il réconfortait un petit enfant, sauf qu’au lieu de m’énerver ou me vexer, ça me rassure.

    C’est parce que… j’ai dû te faire du mal en ignorant…

    Ses lèvres se posent sur les miennes pour me faire taire, un baiser doux, tendre, presque un premier vrai baiser et je sens des papillons dans mon ventre. En douceur, il me fait basculer, je me retrouve allongé sur le dos et il vient rapidement me surplomber. On s’embrasse un long moment, jamais il ne cherche à approfondir les choses et moi, je savoure toute la tendresse dont il sait si bien m’entourer. Je soupire quand finalement il se redresse et me regarde avec un petit sourire.

    J’ai tout oublié quand tu m’as dit je t’aime. Ne pense pas que le sexe soit la finalité de ce que j’attends de notre relation Prem.

    Je ne peux pas m’en empêcher, dès qu’il parle de sexe, je me sens timide et maladroit, alors j’essaie de le cacher en jouant avec le col de son t-shirt. 

    On le fera un jour, parce qu’on en a envie tous les deux. En attendant ce moment, je promets de prendre soin de mon petit ami tous les jours. 

    Mon cœur s’emballe furieusement quand il parle de petit ami et il doit bien l’entendre, puisqu’en parlant, il a posé sa tête contre mon torse, une étreinte douce et intime et qui finalement nous convient parfaitement à l’un comme à l’autre. 

    Redis-le moi encore une fois.

    Je glisse mes mains dans ses cheveux doux et soyeux, je ferme les yeux pour bien savourer cet instant qui me semble plus précieux que tout ce que l’on a pu vivre tous les deux jusqu’à présent. 

    Je t’aime Boun.

    J’ai la voix un peu tremblante à cause de l’émotion, surtout quand il se serre un peu plus contre moi. Un instant, il me fait penser à un chat alors que son visage s’apaise et que ses traits se détendent. Soudain, il paraît plus fragile que ce qu’il montre habituellement au monde. Cela me fait aussi comprendre que, depuis des mois, la seule chose qu’il voulait vraiment, c’était que je lui retourne ses sentiments.



  • Commentaires

    3
    Mardi 22 Juin 2021 à 21:00

    Oh...ils sont vraiment mignon ensemble, instaurer des règles pour ne pas succomber et pourtant.....


    merci pour ce deuxième chapitre

    2
    Jeudi 15 Avril 2021 à 10:24

    Merci pour ce chapitre 2 ;D

    Je suis conquise par la douceur entre Boun et Prem ✪ ω ✪ 

    Je n'ai qu'une chose à dire : "Prem! Tu me donnes ta place stp?!" ^^ mdr winktongue

    Bises bonne journée ❤

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