• Chapitre 2

    Chapitre 2

    Ma nuit a été horrible, il a plu pendant de longues heures et, malgré le vêtement de pluie que j’avais prévu et enfilé, je me suis rapidement retrouvé trempé, pataugeant dans une mare d’eau. J’ai réussi à me trouver une sorte d’abri avant que la nuit ne tombe, mais cela n’a pas suffit à me protéger. J’ai été frigorifié toute la nuit, ne réussissant pas à me réchauffer alors que mes vêtements humides me collaient à la peau. 

    Je n’ai presque pas dormi, quelques heures tout au plus, mais quand enfin le soleil se lève, je n’y trouve aucun réconfort; j’ai mal à la tête et la peur me tord toujours l’estomac. Je quitte rapidement mon abri de fortune, m’offrant mon paquet de chips en guise de petit déjeuner, qu’une fois de plus je fais descendre avec de l’eau. J’essaie de ne pas regarder le niveau d’eau qui est au plus bas, tout comme je tente d’ignorer que mes lèvres sont très sèches et ma langue pâteuse. 

    Hier ? J’ai essayé de boire l’eau de pluie qui tombait et j’ai laissé ma gourde ouverte espérant la remplir de cette manière, mais ce n’est pas suffisant, je sais que je peux rester un moment sans manger, mais sans boire, c’est une autre histoire. Je dois déjà être en partie déshydraté et maintenant mon objectif, plus que de retrouver la civilisation, c’est de trouver de l’eau potable. 

    Je me mets en marche après avoir difficilement remis mon sac sur mes épaules à cause de mon poignet qui est douloureux. Au cours des heures qui suivent, je croise plusieurs flaques d’eau, mais je ne cherche même pas à savoir si je peux tenter d’en boire, je le sais, c’est de l’eau croupie et boueuse, rien de tel pour tomber malade. Pourtant, même ces flaques finissent par disparaître au fur et à mesure que le soleil monte dans le ciel et que la chaleur augmente. 

    Soudain, je me mets à regretter la pluie froide de la nuit, je me sens écrasé par la température. Mes vêtements ont totalement séché et ma gorge me brûle tellement j’ai soif, alors, par petites gorgées, je tente en vain de l’apaiser. Et quand finalement je fais une pause pour manger la deuxième moitié de mon sandwich, je me rends compte qu’il ne me reste qu’une gorgée d’eau et que le temps m’est encore plus compté à partir de maintenant.

    J’ai l’impression d’être dans cette jungle depuis des jours et des jours, j’ai du mal à me dire que cela fait juste un peu plus de vingt-quatre heures que j’erre entre tous ces troncs millénaires. J’essaie de faire abstraction des douleurs qui commencent à se faire sentir dans mon corps, mais j’ai peur pour mon pied gauche qui m’élance fortement à chaque fois que je le pose au sol. Je ne suis pas un grand sportif et mes chaussures ne sont pas faites pour marcher autant.

    Je soupire, essayant d’étirer mes membres, alors que je m’arrête une nouvelle fois pour scruter les alentours. Je ne veux pas me dire que je me suis plus éloigné qu’autre chose de l’endroit où P’Law a garé sa voiture, mais je dois me rendre à l’évidence, même si je ne marche pas très vite, j’ai marché plusieurs heures hier et aujourd’hui aussi, donc soit je m’enfonce plus profondément dans la jungle, soit je tourne en rond. Je dois dire que la dernière idée est la plus rassurante, mais à aucun moment je n’ai eu l’impression de repasser par un endroit qui m'ait paru familier. 

    Plusieurs fois, je me dis qu’il vaudrait mieux que je m’arrête, que j’attende les secours, mais alors, je serais là, au milieu de nulle part, sans eau. Rien que de penser à de l’eau, ma gorge se rappelle à moi, j’ai soif, je meurs de soif, ma gorge ressemble à du papier de verre alors que je n’ai même plus de salive qui me permettrait de déglutir et apaiser un peu la douleur.

    Mes lèvres sont toutes sèches, tellement sèches, que je suis sûr qu’elles pourraient craquer si je me mettais à sourire. Heureusement, je n’ai aucune raison de sourire, car ma situation ne s’y prête pas du tout. Je secoue le col de mon t-shirt pour tenter d’y faire entrer un peu d’air frais, mais le résultat n’est pas à la hauteur de mes espérances. 

    Un moment, je me demande s’il ne serait pas préférable d’aller m’allonger au pied d’un arbre, à l’ombre ou d’essayer de trouver un peu de fraîcheur dans un buisson. Seulement, j’ai dans l’idée que si je fais ça, alors je serai incapable de me relever pour repartir ensuite et je ne suis pas sûr que me cacher dans les feuillages aide beaucoup à me faire repérer si jamais quelqu’un venait à passer par là.

    Alors je continue, maintenant je n’ai plus le choix. Au fur et à mesure que j’avance je scrute les feuilles en espérant voir des gouttes d’eau, mais il n’y a absolument rien. Mon mal de tête augmente avec le temps qui passe, j’ai l’impression que ma tête est prise dans un étau et même me masser les tempes n’arrange rien.

    Je ne fais même plus attention à ce qui se trouve autour de moi, je me contente d’avancer, un pas devant l’autre. J’ai terriblement chaud, ma peau est sèche et quand je pose ma main sur mon front, je me rends compte que je suis brûlant de fièvre. Il est trop tôt pour dire que la pluie de cette nuit m’a rendu malade, pourtant, ces symptômes ressemblent à un coup de chaud, une insolation et un événement me le confirme quelques minutes plus tard.

    — Nong War ! Tu es là !

    Je lève la tête surpris quand je vois mon frère, juste à quelques mètres de moi. Je souris alors que le soulagement m’envahit totalement. Je pourrais presque pleurer. 

    — P’Mean ?

    Je me précipite alors vers lui. 

    — Tu m’as retrouvé.

    Je veux le serrer dans mes bras pour m’assurer qu’il est bien là. Je ne veux pas être en train de rêver, je… La douleur explose dans mon crâne quand, au lieu du torse de mon frère, mon front rencontre la rudesse de l’écorce d’un arbre. Je grogne de douleur, me tenant le front où déjà je sens une bosse pousser contre ma paume.

    — P’Mean ? P’Mean ?

    Je tourne sur moi-même, je ne comprends pas pourquoi il est parti, je suis sûr qu’il était réellement là. Il était obligé d’être là, il ne peut pas me faire ça. La panique me saisit de nouveau, me fait totalement perdre la tête, ou alors c’est la fièvre. Je me mets à marcher sans plus regarder où je vais, appelant mon frère sans m’arrêter même si ma voix n’est plus capable de crier.

    Je finis par me prendre les pieds dans une racine et tombe de tout mon long sur le sol. Je tente une fois de me relever, mais je n’y arrive pas, mes forces m’ont quitté. Alors je finis par rester là, allongé sur le ventre, j’ai juste le courage de tourner la tête sur le côté pour pouvoir respirer.

    — P’Mean, je suis là… retrouve-moi.

    C’est un simple filet de voix, ma vue se trouble alors que je crois voir une paire de chaussures avancer vers moi, mais c’est sûrement encore une hallucination. C’est ce que je me dis alors que ma vision se réduit et s’obscurcit quand je perds connaissance.

    J’ai fait le rêve le plus flippant de toute ma vie, c’est du moins ce que je me dis quand je me réveille ce matin-là. Enfin, il me semble que c’est le matin. Une chose est sûre, je ne suis pas inconscient, allongé sur le sol chaud d’une jungle humide, mais bien dans le moelleux de mon lit.

    Ce doit être le matin de notre sortie, je n’ai pas forcément envie d’y aller, alors mon cerveau a fait un amalgame et m’a fait faire ce rêve désagréable. Je bouge légèrement et grogne en ressentant des douleurs dans mon corps qui me font tressaillir. Étrange, je n’ai pourtant pas fait de sport ou quoi que ce soit d’autre, je ne me suis pas blessé non plus. 

    J’entrouvre les yeux avant de les refermer aussitôt. La lumière m’aveugle, mais mon estomac se tord brutalement parce que le peu que j’ai vu ne ressemble absolument pas à ma chambre. 

    Il me faut quelques minutes de plus pour que je réussisse à garder les yeux ouverts. Je reste allongé, je ne cherche pas à me lever pour le moment, car l’idée d’avoir fait un rêve s’éloigne quand je comprends que je suis couché dans le lit de ce qui ressemble à un petit camping-car.

    Au bout d’un petit moment, je me redresse et tout tangue fortement autour de moi. Je reste assis, immobile, attendant que les vertiges se calment. Je respire lentement alors que mon regard tombe sur mon poignet qui est cette fois orné d’un vrai bandage. Ce n’était donc réellement pas un rêve, je me suis perdu dans la jungle alors que je me promenais avec mon frère et sa copine.

    Je tourne la tête et tombe alors sur le saint graal, un verre d’eau se trouve sur une petite tablette. La main tremblante, je me saisis de l’objet et commence à boire, j’ai l’impression que jamais l’eau n’a eu aussi bon goût. 

    — Ne bois pas trop vite, tu risques d’être malade après. 

    Une voix s’élève à côté de moi, je sursaute, renversant un peu d’eau sur moi alors que je m’étrangle à moitié. Devant moi se trouve un homme, il doit avoir à peu près mon âge, quoi que non, il doit avoir quelques années de plus que moi.

    Il m’observe depuis l’entrée de son camping-car avec un air inquiet sur le visage. Je repose le verre sur la tablette, ma gorge est encore sèche et je voudrais boire encore et encore sans m’arrêter. Pourtant, j’écoute sans discuter le jeune homme sans trop savoir pourquoi, enfin, peut-être que le fait qu’il m'ait sauvé la vie y joue un peu.

    — J’ai eu peur quand je t’ai vu à moitié inconscient par terre. Tu peux m’expliquer ce que tu fais là et pourquoi tu es blessé comme ça ?

    — Je…

    Ma voix est complètement éraillée, je la reconnais à peine. Je tousse pour tenter de l’éclaircir, puis je reprends le verre pour en boire une gorgée avant de pouvoir parler d’une voix à peu près compréhensible. 

    — Je suis venu avec mon frère et sa copine pour me promener… mais… je me suis perdu.

    Je me sens tellement stupide à raconter ça, pourtant, il ne semble pas prendre ça à la rigolade ou même se moquer de moi. Au contraire, son regard se fait encore plus sérieux. 

    — J’ai… paniqué et je suis tombé, c’est comme ça que je me suis fait mal au poignet.

    Je fronce un instant les sourcils, essayant de me rappeler où je me suis fait mal et ce geste me rappelle l’arbre dans lequel j’ai foncé.

    — Avant que tu ne me trouves, je ne sais pas ce qui s’est passé… j’ai cru voir mon frère, j’ai voulu le prendre dans mes bras, mais… c’était un arbre. 

    J’ai un rire sans joie avant de prendre une nouvelle gorgée d’eau. Je soupire quand je me rends compte que mon verre est déjà vide et je me mets à stresser car ma soif n’est toujours pas étanchée. Je n’ai pas besoin de lui demander si je peux en ravoir puisque, sans un mot, il s’approche de moi et le remplit à l’aide d’une cruche. Je sens mon corps se détendre en voyant le liquide transparent et soupire de bien-être quand le liquide frais adoucit ma gorge brûlante. 

    — Quand je t’ai trouvé, tu étais déshydraté et fiévreux, tu as eu une insolation je pense. Comment tu t'appelles, j’ai une radio, je peux informer le garde forestier que tu es vivant avec moi.

    Je l’écoute attentivement tout en continuant à boire l’eau à petites gorgées, me sentant de mieux en mieux au fur et à mesure que l’eau coule dans ma gorge. Je pose ma main sur mon front, il est moite et encore un peu chaud, pourtant, j’ai l’impression que le plus dur est passé. Je souris quand il parle de radio, ils vont pouvoir venir me chercher, je vais sortir de cet enfer et retrouver ma maison rapidement maintenant.

    — Je m’appelle War Waranat et toi ?

    — Moi c’est Yin. Ne bouge pas, je vais passer l’appel.

    Il me fait un petit signe de tête puis part vers l’avant pour prendre la radio et parler au garde forestier. Je me rallonge même dans le lit, savourant le confort et laissant mes muscles endoloris se décrisper. J’entends la voix de Yin alors qu’il parle à la radio. Au début, je n’écoute pas vraiment, mais je finis par tendre l’oreille sur sa conversation. 

    — Il est légèrement blessé, mais sa vie n’est pas en danger. Je n’ai pas encore fini mon étude de terrain et je ne rentrerai que dans deux jours. 

    Je me redresse brutalement quand j’entends ce qu’il est en train de dire et écarquille les yeux en entendant la réponse du garde. 

    — Bien, s’il ne court aucun danger, il n’est pas nécessaire de l’évacuer. Est-ce que vous pouvez vous en occuper le temps que vous restez là-bas et le ramener avec vous ?

    Non, non non je ne suis absolument pas d’accord avec ça moi. Je veux rentrer, je ne veux pas rester ici. J’y ai vécu l’enfer et je veux mettre de la distance le plus rapidement possible entre cette jungle et moi.

    L'adrénaline court soudain dans mes veines, c’est ce qui me permet de me lever malgré les vertiges qui me font tanguer comme si j’étais un navire en pleine tempête. C’est ce qui me permet de me précipiter vers lui en ignorant la douleur dans mon pied. Je panique complètement alors que Yin commence à leur transmettre son accord. 

    Non… Yin… je veux rentrer… dis leur de venir me chercher.

    Il se retourne vers moi, surpris de me trouver hors du lit et si près de lui. Je vacille et n’arrive plus à garder mon équilibre, trop faible pour rester debout. Je tente de me rattraper, mais s’il n’avait pas passé ses bras autour de ma taille, alors je me serais écroulé de tout mon poids sur le sol. Il m’attire à lui, me collant contre son torse pour me maintenir en équilibre et m’éviter la chute. Je pose ma tête contre sa poitrine, soudain épuisé, alors que mes bras se sont enroulés autour de son cou. Il bouge légèrement, levant la radio pour finir la conversation avec le garde forestier qui doit s’interroger sur la brusque interruption. 

    — Pas de soucis, je le ramène à votre centre dans deux jours et je vous contacterai s’il y a quoi que ce soit. 

    Je ferme les yeux quand il finit sa phrase, découragé. Il ne va pas me ramener, ils ne vont pas venir me chercher, je suis encore coincé dans cette maudite jungle. J’ai envie de pleurer, mais je suis trop fatigué pour le faire.

    — Je… je ne veux pas rester ici… je ne veux pas encore me perdre.

    Je ne peux que murmurer contre son t-shirt et je suis surpris de sentir sa main se poser sur mes cheveux pour les caresser doucement.

    — Ne t’inquiète pas, tu es en sécurité maintenant, tu ne te perdras plus, je te surveille.

    Lentement, il m’aide à rejoindre le lit, il me traîne plus que je ne marche. Je ne comprends pas pourquoi je suis si fatigué, je ne me rends pas vraiment compte de ce que je viens de traverser, c’est encore trop tôt. 

    Il m’aide à m’allonger dans son lit et pour la première fois, alors que je me sens groggy par le sommeil, je le regarde. Il est beau, son visage est fin, un peu froid, mais son regard est doux quand il me regarde avec un petit sourire en coin. Mon cœur s’emballe, je voudrais continuer à le regarder encore un moment mais mes yeux papillonnent de plus en plus et j’ai énormément de mal à les rouvrir à chaque fois. 

    — Merci.

    C’est tout ce que je peux lui dire, il m’a sauvé la vie, il continue de prendre soin de moi et je souris quand il me caresse doucement la joue. 

    Il retire une mèche qui me barre le front et je grimace un peu quand, sans le vouloir, il effleure la bosse qui y trône au milieu.

    — Repose-toi, tu me remercieras devant un bon repas quand on sera en ville, d’accord ? 

    J’ai un petit rire avant de hocher la tête, l’idée d’aller au restaurant, d’être en sécurité en ville, m’aide à me détendre et plus encore quand je sais que ce sera pour le remercier. Je m’endors en quelques secondes d’un sommeil réparateur et sans rêve.

    La deuxième fois où je me réveille, je me rends tout de suite compte que la nuit est tombée, il fait sombre et tout est calme dehors. Mon réveil est moins difficile et je n’ai presque pas de vertiges, j’ai encore très soif, mais nouveauté, j’ai également le ventre qui grogne tellement j’ai faim.

    Je quitte lentement le lit, prenant attention à ne pas trop appuyer sur mon pied qui me fait mal, même si je ne sais toujours pas pourquoi. C’est en boitant que je quitte le petit camping-car et là, je suis surpris. Je suis dans une petite clairière, au centre il y a un petit feu qui brûle, éclairant les alentours, Yin est devant en train de préparer à manger et ça sent divinement bon.

    Je m’approche de lui en silence, mais pas sans bruit, je suis sûr qu’il m’a entendu même s’il n’arrête pas ce qu’il est en train de faire. Je pose ma main non blessée sur son épaule et il lève les yeux vers moi. 

    — Tu as bien dormi ?

    Je prends appui sur lui pour me maintenir et m’asseoir à ses côtés.

    — Oui je me sens mieux, merci.

    — Arrête de me remercier, je n’allais pas te laisser comme ça. Tiens.

    Il me tend alors un bol qu’il a laissé près du feu pour le maintenir au chaud. 

    — Mange doucement, ça va te faire du bien.

    Je prends la cuillère en lui faisant un petit signe de tête et commence à manger le bol de riz avec appétit avant qu’il ne me tende une tasse de thé fumante. 

    Je reste silencieux le temps de manger, chaque cuillère me donne l’impression de gagner en énergie. J’ai presque fini mon repas quand je reprends finalement la parole. 

    — Mais, et toi ? 

    Il lève le regard vers moi et hausse un sourcil, me montrant que j’ai son attention. 

    — Pourquoi tu es là ?

    Je suis heureux qu’il soit là, mais je suis curieux. Il me fait un grand sourire, comme si l’idée d’en parler le rendait heureux, non en fait, il est heureux. 

    — Je suis ici pour ma thèse de dernière année. Je suis étudiant en botanique et j’ai décidé d’étudier la fleur de Bua Phut. Je l'avais déjà étudiée en Novembre pendant sa floraison, mais, il me fallait…

     Il s'interrompt soudain avec un petit rire gêné. 

    — Désolé, je m’emballe quand il s’agit des études. Je ne veux pas t’embêter avec ça.

    — Tu ne m’embêtes pas, au contraire.

    Je repose le bol au sol avant de finir rapidement mon thé. 

    — C’est bien d’être passionné par quelque chose.

    Ma passion à moi me semble soudain bien dérisoire par rapport à ce qu’il fait lui. Je soupire en m’étirant avant de grimacer quand je bouge mon pied.

    — Fais attention, ta chaussure t’a blessé le pied, tu vas avoir du mal à marcher pendant un petit moment.

    Je baisse le regard vers mon pied, il est bien bandé, mais, je peux voir de petites étoiles de sang passer à travers le tissu. J’ai une grimace quand je vois ça et dans ma tête, j’imagine que mon pied est lacéré comme jamais. 

    —  Je m’occuperai de tes plaies demain, là tu ferais bien d’aller dormir.

    Même si j’ai passé de longues heures à dormir depuis qu’il m’a trouvé, quand il parle de sommeil, je me sens de nouveau vidé de mon énergie. Mais cette fois, je soupçonne le fait d’avoir bien mangé et bu d’en être la cause. 

    — Tu as raison, je suis épuisé.

    Je lui souris et tente de me relever, mais je retombe lamentablement au sol en grognant. Je n’aime pas être dans cet état, car j’en suis au point de me dire que dormir là près du feu ne serait pas si mal que ça. Je l’entends rire doucement avant qu’il ne se lève, passe ses bras sous mes aisselles et me soulève comme si je ne pesais pas plus lourd qu’une plume. Pour la deuxième fois en l’espace de quelques heures, je me retrouve de nouveau dans ses bras, je me sens rougir, mais une fois de plus je mets toutes les sensations qui me traversent sur le compte du stress que j’ai vécu. Je ne le connais pas et jamais je n’ai été attiré par quelqu’un que je connais si peu, je fais partie de ces gens qui ont besoin de connaître un minimum la personne pour me sentir attiré par elle.

    — Laisse-moi te ramener au lit.

    Je suis relativement fier alors, dans toute autre situation, je me serais reculé en annonçant haut et fort que je suis parfaitement capable de me débrouiller seul, que je n’ai pas besoin d’être assisté. Là, c’est loin d’être vrai, j’ai besoin de lui et j’ai envie qu’il m’aide.

    — Tu iras mieux demain.

    Je me contente d’hocher la tête, on marche comme des escargots à cause de moi et s’il ne s’en plaint pas, moi j’ai la désagréable impression que le lit se trouve bien trop loin et qu’on y arrivera jamais.

    Heureusement, ce n’est qu’une impression et je soupire de bien-être quand je me retrouve enfin allongé. J’aurais voulu pouvoir me laisser emporter par le sommeil, mais une question me vient à l’esprit et je sais que je ne pourrai pas me reposer tant que je n’aurai pas la réponse.

    — Et toi ? Où est-ce que tu vas dormir ?

    — Oh ! Et bien, le siège conducteur est plutôt confortable, je…

    — Non !

    Je rougis devant ma réaction excessive. Il soulève un sourcil avec un petit sourire tout en me regardant dans les yeux. 

    — Je veux dire… tu n’as pas à dormir ailleurs que dans ton lit…

    Je me sens ridicule, je sens mes joues me brûler, mais je ne baisse pas les yeux, déterminé à lui faire comprendre. 

    — On peut partager le même lit et puis… ça me rassurera de… ne pas être seul… 

    D’accord, je fais peut-être petit garçon qui a peur du noir, mais la nuit dernière, seul sous la pluie au milieu de la jungle, a été terrifiante et je ne veux pas dormir seul. 

    Il reste un moment à m’observer, puis il soupire avant de hocher la tête. 

    — Ok, je vais éteindre le feu et j’arrive.

    Il me fait un petit sourire gêné avant de rapidement quitter le camping-car. Je reste immobile dans le lit, tendant l’oreille pour entendre ses allers et retours puis, au bout de quelques minutes, il est de retour. Il s’allonge à côté de moi et instinctivement, je me rapproche de lui, oubliant qu’il est peut-être mal à l’aise, mais la chaleur qu’il dégage et son odeur me rassurent, je ne suis plus seul dans le noir.

    Je l’entends soupirer avant de finalement se détendre, sa main se pose sur ma tête et caresse doucement mes cheveux. 

    — Allez, dors.

    Je suis trop fatigué pour répondre, alors je hoche la tête plusieurs fois avant de laisser mes yeux se fermer puis de m’endormir, apaisé et rassuré par sa simple présence.

     

     



  • Commentaires

    4
    Jeudi 19 Août 2021 à 10:43

    hooooooooooooo j'aime  *___* 

    merci pour ce chap :)

     

    ps : peux-tu rajouté le truc "chap suivant" pour pas devoir (pour ceux qui lisent la fic que maintenant) retourner en arrière pour passer au chap suivant ?
    Merci d'avance  ^__^

    3
    Dimanche 15 Août 2021 à 11:03

    Oh il avait commencé à avoir des hallucinations ça a fait peur....

    Heureusement qu'il y avait Yin, d'ailleur il a l'air vraiment bien ce Yin...

    Merci pour ce chapitre j'ai hâte de lire la suite

    2
    Samedi 14 Août 2021 à 13:30

    Merci Néphélyhappy  . Tu as beaucoup de talent ! Vivement la suite

     

    1
    Jeudi 12 Août 2021 à 14:07

    cool j'aime tjs autant! On sent le rapprochement, ;D vivement la suite!

    Bises <3

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