• Chapitre 12 : Carefree

    Chapitre 12

    La plage est magnifique, du sable chaud, et un grand terrain pour pouvoir s'amuser sans se marcher sur les pieds. On est aussi isolés, cachés par une avancée des arbres vers le lac, c’est comme un endroit secret et j'ai l'impression que l'on est seuls au monde. Les garçons se retournent quand ils nous entendent arriver et ils nous accueillent avec de grands sourires.

    Prem se tient près d’une sorte d'abri de fortune fait d'une couverture tendue entre deux arbres, il n'est plus vêtu que de son short de bain et j'en déduis que ça leur sert d’endroit pour se changer en toute intimité. Boun est en train de fouiller dans son sac, tandis que Nine et Joong sont en pleine discussion, je ne sais pas vraiment de quoi ils sont en train de parler mais ça semble bien les faire rire. Dès que Joong me voit, il s'interrompt en donnant une petite tape sur l'épaule de Nine et se rapproche de moi au petit trot avec un sac à la main. 

    — Fluke, tiens j'ai acheté trois maillots de bain. Je ne savais pas ce qui te plairait.

    Comme, je n'ai aucune idée moi-même du type de maillot de bain dans lequel je serai à l'aise, je lui suis reconnaissant d'avoir fait ça pour moi. Dans un petit coin de ma tête,  je note aussi que je dois demander à mon oncle de lui rembourser son achat. Je ne veux pas qu’il dépense son argent pour moi, surtout que je suis loin d’en manquer et que je n’en fais pas grand chose. Je lui fais un Wai pour le remercier et lui sourit doucement. Je prends le sac qu’il me tend et il me fait un petit signe avant de retourner rejoindre Nine, il passe son bras autour de son cou et l’aide à sortir les provisions. 

    — Les gars, Ohm et moi on va aller chercher du bois pour le feu, on vous laisse finir de nous installer.

    Boun prend la parole et je me rends compte qu’il se tient à côté de nous. Il a annoncé son intention d’y aller avec son meilleur ami, mais il pose sur moi un regard insistant qui me trouble au début, avant que je ne comprenne. Boun me questionne silencieusement, il me demande si tout ira bien s’il y va avec Ohm et je sens un élan de gratitude pour le jeune homme. 

    Il fait attention à moi et à comment je me sens avant de faire quelque chose qui, pourtant, semble être dans leurs habitudes. D’ailleurs, je me dis que si je n’avais pas été là, les deux hommes seraient sûrement partis chercher du bois sans rien dire. Je lui fais un petit sourire avant de hocher la tête pour lui montrer que tout ira bien pour moi. 

    Je tourne légèrement la tête vers Ohm et j’aime le petit sourire présent sur ses lèvres. Je me sens rougir quand il me fait un petit clin d'œil et quand il s’éloigne de Boun, il prend le temps de passer sa main dans mes cheveux. Il sait déjà, je n’ai pas besoin de lui écrire un message, il sait que même si j’ai dit que tout irait bien, je ne suis pas rassuré de le voir s’éloigner, heureusement, je ne suis pas seul sur cette plage et le bruit des discussions des trois autres garçons m’aide à rester serein.

    Je reste immobile, les yeux fixés sur le dos de Ohm jusqu’à ce qu’il disparaisse dans le petit bois. Je prends alors une grande inspiration et je me rends compte que je suis debout au milieu de la petite plage, les bras ballants et je ne sais pas quoi faire. Est-ce que je devrais aller rejoindre les garçons ? Je ne sais même pas ce qu’ils sont en train de faire et puis… c’est bête, mais je n’ose pas vraiment. Ils ont vraiment l’air bien tous les trois, en train de préparer la journée tout en discutant joyeusement. 

    L’optimisme dont j’ai fait preuve quand Ohm m’a embrassé semble s’être évanoui maintenant que je suis ici, et une fois de plus, je me demande si je ne vais pas les déranger, les empêcher de réellement s’amuser parce qu’ils doivent marcher sur des oeufs à cause de moi.

    — Fluke, va te changer pendant qu'ils sont partis. On ira se baigner à leur retour, d'accord ?

    Je sursaute quand la voix de Prem me sort de mes pensées, je relève la tête et croise son regard enjoué. Il me fait un grand sourire alors qu’il me désigne la sorte de cabine improvisée, je prends une profonde inspiration et lui fais un petit signe de la main pour lui montrer que j’ai compris.

    Il a une grosse pierre dans la main et je reste un moment sans comprendre ce qu’il est en train de faire. Puis, j’ai une illumination quand il la pose à côté de plusieurs autres déjà posées dans le sable. Il crée un rond qui aidera à contenir le feu qu’ils vont allumer par la suite. Je serre le sac devant moi puis je me dépêche de rejoindre la couverture tendue pour pouvoir me changer et enfin profiter de la journée.

    Je pose mon sac dans le sable et, avant de me déshabiller, j’inspecte les maillots de bain que Joong m’a achetés. Je sors le premier du sac et je m’étouffe avec ma salive avant de pousser une sorte d’exclamation étranglée. Derrière la couverture, j’entends Joong éclater de rire, alors que je comprends qu’il s’est approché pour entendre ma réaction. Je grogne pendant que je reprends pour moi tous les compliments silencieux que j’ai pu lui faire alors que je tiens entre les mains un morceau de tissu qui s'apparente plus au string qu'au maillot de bain.

    Je rougis tellement que je suis sûr de faire concurrence aux tomates. Je tiens le maillot devant moi, l’observant la bouche entrouverte, et je secoue violemment ma tête au moment où mon esprit tente de m'imaginer en train de le porter. Je frissonne violemment avant de rouler le tissu en boule et de le laisser dans un coin en ayant peur de sortir la prochaine pièce du sac.

    Heureusement pour moi le prochain est finalement le bon, il est noir, tout simple et m'arrive à mi cuisse. Sans attendre ou prendre le temps de réfléchir, je me déshabille, même si je jette de fréquents coups d'œil autour de moi, un peu mal à l'aise de me retrouver nu en pleine nature.

    Je soupire et me détends quand j’enfile le maillot de bain, mais ce soulagement est de courte durée quand, au moment où j’ajuste la ceinture, je réalise ce que signifie vraiment traîner toute la journée en maillot au bord de la plage. Mes doigts glissent lentement sur une vilaine boursouflure présente sur mon ventre et qui disparaît sous l’élastique du maillot et je frémis en grimaçant.

    Mon corps n’en est pas sorti indemne, je vis avec depuis des années, j’évite de regarder mon corps et là, rien que de sentir ce renflement, je sens la nausée me serrer la gorge et une bouffée de terreur envahir ma poitrine. Je respire doucement, lentement avant de finalement oser baisser les yeux et observer les stigmates qui sont la preuve la plus flagrante d’un calvaire dont je ne me rappelle rien. 

    Un petit gémissement passe la barrière de mes lèvres, la cicatrice sur mon ventre est la plus grosse, celle qui a failli me coûter la vie, mais j’en ai trois autres sur le torse, striant ma poitrine de zébrures blanches. Celles de mon dos sont plus nombreuses, mais c’est plus facile d’ignorer ce que l’on ne voit pas.

    Je me laisse lourdement tomber au sol, les fesses dans le sable et je ramène mes genoux contre mons torse et inconsciemment ma main vient recouvrir la cicatrice se trouvant sur ma cheville, la plus disgracieuse, celle qui témoigne que j’ai été retenu captif, celle qui me rend le moins malade. Heureusement, mes jambes sont intactes, mais soudain, je me retrouve paralysé, je ne peux absolument pas sortir, je ne peux pas faire face aux autres avec mon corps marqué.

    Je cherche désespérément comment faire, j’envisage même sérieusement de me rhabiller complètement, après tout, je n’ai pas vraiment envie de me baigner. J’avale ma salive difficilement, même à moi, cette affirmation sonne faux dans ma tête. 

    — Fluke, tout va bien ? 

    Je sursaute quand la voix posée de Nine s'élève derrière la couverture et rapidement je prends mon t-shirt pour le poser sur mon torse dans un souci de camoufler l’horreur. 

    — J'entre d'accord, retiens la couverture si tu n'es pas prêt.

    Ma main se lève et effleure la couverture, je ne veux pas qu’il me voie comme ça, seulement, je ne pourrai pas lui expliquer s’il ne rentre pas. Alors je la laisse mollement retomber au moment où, en douceur, il soulève ce qui me cache du reste du monde. Il est surpris de ne pas me voir au début et encore plus quand il baisse les yeux et me retrouve recroquevillé en me cachant comme je peux avec mon t-shirt. 

    Il fronce les sourcils, puis son regard tombe sur mon épaule et le haut de mon dos et alors ses yeux s’écarquillent. De la surprise, mais c’est tout, il n’y a rien d’autre, pas de dégoût, de pitié ou de signe de rejet. Tous ceux qui ont pu les voir sont restés figés dessus, comme si elles étaient des aimants attirant leur regard. Lui détourne rapidement les yeux et me fixe avec un petit sourire rassurant. 

    — Tu te sens mal à l’aise ? 

    Ce n’est pas vraiment une question, puisque tout en moi montre combien la situation est malaisante. Il cherche simplement à engager la conversation et m’aider à exprimer les choses. Je soupire avant de hocher la tête lentement puis il s’accroupit pour ne plus me surplomber avant de me sourire pour tenter de me rassurer. 

    — Je ne saurai sûrement jamais ce que ça fait d’être dans tes baskets et je ne peux pas imaginer ce que tu peux ressentir. Alors je ne te dirai pas toutes ces phrases bateaux sur la confiance en soi et le regard des autres. Sache juste que tu ne dois pas te sentir mal à l’aise, d’accord ? On n’a pas pitié de toi, on ne veut pas se moquer, on veut juste apprendre à te connaître et passer du temps avec toi.

    Je suis étonné de le voir autant parler, lors de nos précédentes rencontres je ne me souviens pas d’avoir entendu le son de sa voix. Je tente de lui sourire pour lui montrer que ses mots me touchent, mais le problème reste le même, je ne peux pas montrer mon corps maigre et plein de cicatrices, c’est impossible.

    — Tu pourrais remettre ton t-shirt. 

    C’est une bonne idée, même si la cicatrice à ma cheville est visible, j’arrive à la supporter, ce sont toutes celles qui parsèment le haut de mon corps qui doivent être cachées. Je regarde le t-shirt en me mordillant la lèvre, le problème, c’est que je n’ai pas emmené d’autre t-shirt et quand il sera trempé, alors je resterai dans des habits humides tout le reste de la journée. 

    — Oh attends, j’ai encore mieux, ne bouge pas.

    Son visage s'est soudainement éclairé, il se redresse aussitôt et file sans plus d’explications. Je ne bouge pas, je lui fais confiance et je sais qu’il ne fera rien contre moi. La couverture retombe bien en place et je me retrouve isolé à nouveau. Sans même m’en rendre compte, ma main suit la ligne épaisse et rugueuse de la cicatrice, j’ai les yeux perdus dans le vide. Étonnement, repenser à elles, à comment je les ai eu, ne me fait pas entrer dans une crise d’angoisse et à la place, c’est un sentiment étrange qui m’envahit. Je n’ai pas le temps de me pencher dessus et de tenter de comprendre pourquoi je réagis si bien maintenant, que la couverture se soulève devant un Nine au sourire victorieux. 

    — Tiens, enfile ça.  

    J’attrape le t-shirt beige soigneusement plié et je me demande un instant à qui il appartient, je ne veux pas piquer les affaires des autres, qui sait s’il n’en aura pas besoin dans la journée. Nine qui, au final, peut se montrer aussi malicieux que son meilleur ami répond à ma question silencieuse l’air de rien. 

    — C’est le T-shirt de Ohm. Depuis que Joong l’a lancé tout habillé dans le lac, il s’assure d’avoir un rechange complet. Je suis sûr qu’il sera très content de te voir dedans.

    Je me sens rosir quand j’apprends qui en est le propriétaire, mais la suite de l’histoire me fait sourire et même pouffer, j’imagine parfaitement Joong faire ce genre de chose. Seulement, la fin de sa phrase me donne le feu aux joues. Je suis sûr que si je pouvais parler, je me serais mis à bafouiller sans pouvoir sortir le moindre mot. 

    — Allez, enfile-le et viens nous rejoindre, les autres vont bientôt revenir.

    Je hoche la tête rapidement et il me laisse seul à nouveau. Le tissu est doux sous mes doigts et un peu timidement, je le porte à mon visage et quand j’inspire c’est son odeur à lui qui m’emplit les narines.

    Je me mordille la lèvre, l’idée d’être entouré ainsi par son parfum me plait bien trop, mais j’arrête de me poser des questions, je veux profiter, alors sans plus y penser, je déplie le t-shirt et l’enfile rapidement avant de me relever. Comme prévu, il est beaucoup trop grand pour moi, il glisse un peu, dévoilant mon épaule, mais je pense que je pourrais le supporter. J’ai un petit sourire quand, en baissant la tête, je me rends compte qu’il recouvre même mes cuisses, pour un peu, on pourrait penser que je ne porte rien d’autre.

    Cette idée contracte mon cœur puissamment et mon ventre se tord, je dois tout de suite arrêter de penser à ce genre de choses. Jamais auparavant, je n’avais eu de la place dans ma tête pour ce genre de sentiments, pourtant, depuis que je suis arrivé ici, je me surprends à penser à l’amour et… à des choses plus physiques qui me font rougir à chaque fois. Je m'éclaircis la gorge et range rapidement. Quand je quitte enfin l’abri qu’offre la couverture, je vois tout de suite Ohm en train de poser les branches qu’il a ramassées avec Boun près du cercle en pierre. 

    Il est en train de rire avec Prem et c’est Boun qui me voit le premier, il me fait un petit signe de la main quand il me voit hésiter pour que je me rapproche d’eux, avant d’attirer l’attention de son meilleur ami qui tourne tout de suite la tête vers moi. Ses yeux s’agrandissent et sur le moment, j’ai peur qu’il ne soit pas content de me voir affublé de son t-shirt, mais ce n’est pas de la colère qui passe dans ses yeux, mais… j’ai l’impression d’y voir du désir et je me sens déboussolé par cette idée, surtout qu’il s’approche rapidement de moi.

    — Il te va bien.

    Son regard sombre ne me quitte pas des yeux et mon cœur accélère brutalement. Je cherche rapidement mon téléphone pour lui expliquer pourquoi je lui ai piqué, sauf que dans ma précipitation je l’ai glissé tout au fond de mon sac. Alors que je suis en train de m'énerver, il pose sa main sur ma tête et la caresse doucement. 

    — Hey Fluke, ne t’inquiète pas, ça me plait de te voir dans mes habits.

    Il chuchote et moi, comme à mon habitude, je deviens rouge, j’ai l’impression qu’ils se sont lancés dans un concours aujourd’hui qui consiste à savoir ‘combien de fois ils pourraient faire rougir Fluke aujourd’hui.’ 

    La tension qui s’était apaisée après notre baiser dans la voiture réapparait aussitôt, forte, puissante et c’est difficile de résister à l’envie. Cette fois, heureusement, Joong arrive avec ses gros sabots et permet de calmer les choses. 

    — Alors Fluke, j’avais bien choisi les maillots de bain ? 

    Je grogne avant de lui lancer l’horrible chose qu’il m’a achetée à la figure. Il le rattrape en éclatant de rire et c’est sur cette note joyeuse que commence réellement notre journée.

    Je passe un moment vraiment agréable, à cet instant je me sens libre et en paix, je n’ai pas pensé une seule fois à mon passé et c’est bien la première fois depuis longtemps. Je me contente de m'amuser, de savourer l’instant et même si je suis un peu timide et en retrait, juste être avec eux et les regarder faire les pitres me suffit.

    On est tous dans l’eau, les garçons se battent plus loin, ils s’arrosent et chahutent alors que moi, je suis un peu à l’écart, j’ai de l’eau jusqu’aux cuisses et pour le moment je ne suis pas allé plus loin. Je ne nage pas très bien et il me faut un peu de temps pour prendre confiance. Je ne m’ennuie pas un instant cela dit, car leurs pitreries sont un vrai spectacle comique. 

    — Non ! Arrête je ne peux plus respirer.

    La voix rieuse de Prem s’élève soudain et je tourne mon attention sur lui et Boun qui trouvent toujours le moyen de se retrouver ensemble. Boun porte Prem dans ses bras, ce dernier est hilare et complètement trempé et j’imagine bien que le plus âgé l’a lancé dans l’eau juste avant et s’apprête à recommencer. Prem a passé ses bras autour de son cou, comme si cela allait l’empêcher de se retrouver bientôt dans l’eau. 

    — S’il te plait Ph…

    Ma bouche s’ouvre en grand sous le choc, je sais le mot que Prem allait prononcer, mais ce n’est pas ça qui me choque. Boun a bien compris ce qui allait échapper de la bouche du brun et a décidé de le faire taire avant qu’une catastrophe ne survienne… en posant ses lèvres sur les siennes. 

    Je ne suis pas le seul à être surpris par la scène qui se déroule sous nos yeux. D’ailleurs tout le monde s’est figé en attendant la réaction du plus jeune, on s’attendait à ce qu’il le repousse en râlant, mais sûrement pas à ce qu’il réponde au baiser, le rendant plus ardent encore et en s’accrochant aux cheveux de Boun.

    Je suis paralysé, je ne peux pas détourner le regard, alors même que l’on voit que leur langues viennent de se rejoindre. Je me sens rougir encore une fois et je ne peux pas m'empêcher de me rendre compte combien le baiser échangé avec Ohm était tendre, doux et presque enfantin en comparaison. Je ne suis pas jaloux, car vraiment j’aime la manière dont les choses se passent entre nous, mais je sens aussi mon ventre se crisper délicieusement à l’idée qu’un jour lui et moi on...

    — Hey les gars… vous n’avez rien à nous dire ?

    La voix de Nine me sort de mes pensées et je me gratte la tête un peu gêné d’imaginer des choses pareilles. Je suis surpris que ce ne soit pas Joong qui soit intervenu le premier, mais quand je me tourne vers lui pour jeter un coup d'œil, je sais à son sourire malicieux, qu’il va se faire une joie de taquiner son meilleur ami par la suite. Le silence s’éternise, alors Nine soupire et se montre un peu plus précis. 

    — Vous sortez ensemble ?

    Prem semble comprendre ce qu’il vient de se passer, il est rouge comme une pivoine et tente de sortir des bras de Boun qui le tient fermement contre lui. 

    — On sort ensemble depuis deux mois maintenant.

    Il a un sourire fier au coin des lèvres, il est heureux et même quand Prem lui donne un coup sur le torse, il ne fait que rire avant de lui picorer les lèvres amoureusement.

    — Disons que ça explique les soudains cours de soutien… ou alors ce sont ces cours de soutien qui ont fait que…

    — La ferme Joong.

    Prem se cache contre Boun, gêné par les dires de son meilleur ami, et je pense qu’il ne faudrait pas grand chose pour qu’une bataille rangée commence entre ces deux-là, mais le petit sourire sournois qui apparaît sur les lèvres de Joong ne laisse rien présager de bon et j’ai raison puisqu’il se tourne brusquement vers Ohm puis moi.

    — D'ailleurs… Est-ce que c’est vraiment le seul couple de notre groupe ? Tant qu’on est dans les annonces, vous n’avez rien à nous dire ?

    J’ouvre la bouche comme pour parler, mais même si je pouvais le faire je ne saurais pas quoi dire. Oui, on s’est embrassé, oui, je l’aime beaucoup et je ressens une attirance manifeste pour lui, mais est-ce que l’on est un couple ? L’idée n’est pas désagréable, mais un peu effrayante, je n’aurais rien à lui apporter, je suis cassé et pour le moment je dois penser à me réparer avant de…

    — Joong, espèce de crétin. 

    La voix de Ohm me fait sursauter, mais je n’ai pas le temps de réagir qu’il a déjà saisi son petit frère dans ses bras avant de le balancer loin dans l’eau. Tout le monde commence à rire avant de brutalement s’arrêter et de se retourner vers moi en me regardant les yeux ronds. Je me fige, je ne comprends pas pourquoi soudain je deviens le centre de l’attention.

    Ohm s’approche de moi, ses yeux sont lumineux et son sourire magnifique, un instant je pense à reculer, j’ai l’impression qu’il va me dévorer et je n’entends même plus Joong qui lui lance des malédictions sur au moins quinze générations. Sa main se pose sur ma joue avant de glisser sur ma gorge.

    — Tu as rigolé.

    Sa voix heureuse et douce claque comme un coup de tonnerre quand je comprends ce qu’il dit. C’est vrai que ma gorge me fait un peu mal, mais… je ne m’en suis même pas rendu compte, je produis des sons étranges avec ma gorge qui me permettent de faire passer certaines émotions, mais je n’ai pas réellement ri depuis 7 ans. Je me montre du doigt pour être sûr que je ne rêve pas, je suis un peu déçu de ne pas m’en être rendu compte, mais c’est peut-être justement pour ça que j’ai réussi à rire, parce que je ne faisais pas attention.

    Sans réfléchir je lui saute dans les bras, j’entoure mes jambes autour de sa taille et ses bras m’entourent sans attendre. Je suis tellement heureux, pour beaucoup, ce n’est peut-être qu’un rire, ce n’est rien d’important, mais pour moi, c’est exceptionnel, c’est le premier vrai son que je produis, c’est l’espoir d’un jour pouvoir parler à nouveau et communiquer plus facilement avec mes proches. J’ai soudain l’impression qu’après aujourd’hui tout ira bien, mon avenir semble plus clair et plus doux maintenant. 

    — J’aime le son de ton rire. 

    Sa voix est basse à mon oreille et lentement mon doigt trace le mot merci sur son épaule. 

    — Tu veux aller nager un peu ? Je ne te lâcherai pas.

    Ohm et moi on est dans une bulle, je ne vois plus ce qui se passe autour de moi, j’ai oublié que l’on n’est pas seuls et peut-être que plus tard, je me sentirai un peu honteux de les avoir ignorés de cette manière et de m’être donné en spectacle devant eux mais là je me contente de hocher la tête. Il me fait basculer sur son dos et il s’éloigne lentement du rivage. Je m’accroche fermement à lui alors que ses bras maintiennent mes cuisses contre lui.

    — Fluke j’espère vraiment que cette journée va marquer un nouveau point de départ pour toi tu sais. 

    Je pose mon menton contre son épaule et tourne légèrement la tête vers lui, j’aime l’écouter parler et j’aime encore plus ce qu’il est en train de me conter. 

    — J’espère que bientôt, tu puiseras dans l’immense courage qui est en toi et que c’est ensemble que l’on ira étudier. J’espère que bientôt je pourrai entendre le son de ta voix, car tu ne peux pas imaginer combien t'entendre rire est agréable.

    J’ai l’impression que mon rire a fait céder une barrière en lui, depuis que je le connais, il est fort et ne laisse pas facilement échapper ses sentiments. Pourtant, comme tout à l’heure dans la voiture, j’ai l’impression que le trop plein sort à nouveau et ses mots me font tous vibrer. 

    — Et j’espère surtout que l’on continuera à être proche l’un de l’autre, parce que, je ne suis pas près de toi juste parce que tu n’es pas bien, j’aime être…

    Je sens un peu la peur dans sa voix, je la comprends, elle me touche et c’est la raison pour laquelle je le force à tourner sa tête vers moi et je pose en douceur mes lèvres sur les siennes, c’est bref, mais mon coeur palpite juste à ce toucher. Quand je recule, je le fixe droit dans les yeux et j’espère qu’il comprendra ce que j’essaie de lui dire. ‘Ne t’inquiète pas, je resterai près de toi aussi longtemps que tu voudras de moi.’

    Il se détend alors, il a compris et moi aussi d’ailleurs, je l’aime, je ne sais pas depuis quand, je ne sais pas si c’est depuis qu’il m’a consolé il y a des années. Pourtant, je n’ai aucun doute sur le fait que maintenant je ne pourrais plus fuir et le laisser derrière moi. Je veux me tenir à ses côtés et le voir sourire. On n’a pas besoin de parler quand, pour la troisième fois de la journée, nos lèvres se retrouvent, le baiser est plus intense, il laisse échapper ce que l’on ressent et c’est suffisant pour le moment.

    Quand nos lèvres se séparent, je souris en posant ma tête contre la sienne, l’instant est calme, doux et je suis surpris que Joong ne nous ait pas interrompus car même si on s’est éloignés, je suis sûr que sur la plage, ils ont tout vu. Je tourne la tête et pouffe de rire, sur la plage, Joong est allongé dans le sable, Nine le bâillonne avec sa main alors que Boun et Prem sont avachis sur lui pour l’empêcher de bouger.

    — Si Joong ne ressemblait pas autant à mon père, je pourrais croire qu’ils l’ont adopté.

     On pouffe tous les deux alors que Joong se débat comme un beau diable. 

    — Et si on allait les aider ?

     Je hoche vigoureusement la tête et il nous ramène vers la plage. Et finalement il avait raison, cette journée, allait réellement marqué un nouveau point de départ dans ma vie, je n’étais plus enfermé dans ma coquille, j’avais une personne qui m’aimait et que j’aimais, des amis attentifs et une envie de surmonter réellement mon passé afin de pouvoir profiter encore plus de jours comme celui-là. 



  • Commentaires

    4
    Dimanche 27 Juin 2021 à 17:22

    Je dirai que Boun et Prem ont été pris la main dans le sac.....ou plutôt entrain de s'embrasserhehe


    Aj Joong est toujours d'une délicatesse....


    En tout cas Nine a eu la bonne idée pour le T-Shirt.


    Et attention Fluke a rigolé, yeah (émoticône faisant la fiesta yeah)


    E t j'ai beaucoup aimé leur petits moments à tous les deux, trop mignonyes

    3
    Dimanche 21 Février 2021 à 20:35

    merci pour ce superbe nouveau chapitre *__*

    bonne continuation pour la suite et à la prochaine ;)

    2
    Dimanche 14 Février 2021 à 15:24

    Merci beaucoup

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