• Chapitre 10 : Un jour ensemble

    Chapitre 10

    Le matin, dans le petit studio au cœur de la ville, le climatiseur fonctionnait toujours avec un bruit doux qui berçait la personne sous la pile de couvertures. Un rayon de soleil brillait à travers les rideaux et taquinait Pharm qui essayait de se cacher sous les couvertures.

    Bang !

    Choc !

    — Aïe, Aïe, Aïe, Aïe.

    Pharm poussa un gémissement de douleur tout en se frottant la hanche, alors qu’il venait de tomber de son lit d’une hauteur de un mètre. Il se leva en fronçant les sourcils, agacé par les voisins de l’appartement d’à côté. Il était content car ça avait été calme pendant plusieurs semaines, mais ce matin, la porte avait été refermée avec fracas.

    L’horloge indiquait six heures du matin, ce qui était trop tôt, car aujourd’hui il n’avait pas cours parce que le professeur les avait annulé.

    — Je veux encore dormir, je veux me réveiller tard. Ça me rend fou.

    Il remonta sur son lit dans l’idée de continuer à dormir. Cependant, la chambre d’à côté était très bruyante aujourd’hui. Il pouvait entendre des bavardages forts, apparemment, il y avait plusieurs personnes. Il plissa les yeux et jeta un oreiller contre le mur avant de traîner son corps assoupi dans un pyjama à carreaux bleus et à manches longues. Il s’arrêta devant la porte de son voisin puis écrivit un message sur un post-it.

    “Calmez-vous un peu, la chambre 802.”

    Il le colla au milieu de la porte puis frappa quelques coups durs avant de retourner dans son appartement. 

    Pharm se tint discrètement derrière sa porte, colla son oreille dessus et attendit pour écouter. Il entendit la porte s’ouvrir et des brides de conversations.

    — Il n’y a personne.

    — On te taquine, allons voir.

    — Hey, là quelqu’un à mis un papier. 

    — Qu’est ce que je t’avais dit ! Pas aussi fort, abruti !

    — Désolé, hey.

    Au bout d’un moment, il entendit la porte se fermer d’une manière bien plus légère que d’habitude. D’après le bruit, il devait y avoir trois ou quatre personnes, mais cela ne devrait pas poser de problème. Le jeune homme soupira, se préparant à retourner dans son lit chaud, mais il ne fit que quelques pas qu’il sursauta quand on toqua à sa porte. Il se faufila à nouveau jusqu’à sa porte et ses yeux de chat virent une grande silhouette passer à travers le juda avant que le bruit de la porte voisine se refermant ne se fasse entendre à nouveau.

    — ??

    Bien que confus, il ouvrit lentement la porte pour constater qu’il n’y avait personne. Il leva les yeux pour regarder la porte au cas où son post-it aurait été recollé, mais à la place, il découvrit un sac en plastique accroché à la poignée. 

    Pharm attrapa le sac et retourna dans la pièce, il éclata de rire quand il vit ce qu’il y avait dedans : des briques de lait, des sachets de chips, des pocky, des kit-kat, des bonbons et un petit mot disant :

    “Désolé pour le bruit, la chambre 801.”

    Pharm sourit. Oh, c’était mignon.

    Enfin, c’était impossible de se rendormir.

     

    Pharm roula sur le lit, il venait de raccrocher après une conversation en Facetime avec son frère en Amérique. Ce dernier s’était plaint de se sentir seul et lui avait demandé de rentrer chez eux. Pharm avait donc promis qu'il rentrerait chez lui pendant les vacances du semestre. Il se retourna et posa la main sur la table de chevet, ramassa une feuille en papier et écarquilla les yeux en la regardant.

    Oh, le bon pour le déjeuner gratuit au Chao Phraya River Hotel expirait aujourd’hui ??

    Le jeune homme s’assit et lut les détails. Heureusement, il n’était pas nécessaire de réserver à l’avance. Et avec qui allait-il y aller ?... Il prit son téléphone et consulta la liste de ses contacts avant de s’arrêter sur le numéro de quelqu’un.

    L’appeler allait-il être gênant ? Est-ce qu’il avait cours aujourd’hui ou devrait-il aller sur Line et lui demander d’abord ?

    Il bascula l’écran sur l’application verte, se préparant à inviter l’autre personne, mais soudain son téléphone se mit à sonner dans sa main. 

    — Wow !

    Choqué, Pharm laissa tomber le téléphone sur le lit, mais après avoir repris ses esprits, il baissa les yeux pour voir qui appelait.

    — Hey !!

    Sur l’écran se trouvait le visage tant redouté, celui qu’il avait secrètement photographié alors qu’il dormait à la bibliothèque. Pharm ramassa précipitamment le téléphone et décrocha immédiatement. 

    — Hey, Allo Phi Dean.

    Une voix profonde remplie de rire résonna à travers la ligne. 

    — Salut, tu sembles surpris.

    — Oh, je pensais t’envoyer un message Line, puis tu as appelé, alors j’ai été surpris.

    Pharm s’allongea sur le lit, attrapa un oreiller et le serra dans ses bras. 

    — Mmm, sur Line, quelque chose ne va pas ?

    — Euuh, je peux en parler après. Phi Dean, il y a un problème ?

    — Tu finis tes cours à quelle heure aujourd’hui ?

    — Ils ont été annulés, je suis libre toute la journée. En ce moment, je suis allongé dans ma chambre.

    Pharm roula à plusieurs reprises dans son lit, jusqu'à ce que les draps soient complètement froissés.

    — Je n’ai pas cours, dit doucement Dean au bout d’un moment. Tu voudrais sortir pour déjeuner ensemble ? Un de mes amis ouvre sa nouvelle boutique à Siam et il m’a invité à l’inauguration. 

    Pharm avait les joues rouges, mais souriait largement. Il roula presque jusqu’à tomber de son lit en hochant la tête d’un air euphorique même si Dean ne pouvait pas le voir. 

    — Allons-y.

    — Alors aujourd’hui, je peux passer toute la journée avec toi, dit Dean d’une voix rauque. Je viendrai te chercher dans une demi-heure.

    Lorsqu’ils eurent décidé de l’heure, Pharm s’assit en enlaçant l’oreiller dans ses bras avant de le laisser retomber sur le lit en enfonçant complètement son visage dans un coussin. Il poussa un cri de joie étouffé tout en battant des jambes sur le matelas. 

    Oye, c’est ce que l’on appelle avoir un rencard, pas vrai ?!?!

    Pharm oublia complètement son repas gratuit qui tomba sous un coin du lit. 

    Il était prêt, son visage, ses vêtements… Il regarda son t-shirt blanc avec quelques rayures et son pantalon chino bleu clair qui mettait ses jambes en valeur. Il mit ses baskets colorées et une casquette et c’est tout. Excité, il se précipita en bas pour l’attendre dans le hall, tout en souriant et saluant les visages familiers qu’il croisait. Moins de dix minutes plus tard, une voiture noire s’arrêta devant l’entrée de l’immeuble. 

    — Pharm, l’appela le chauffeur en ouvrant sa fenêtre. 

    Celui-ci monta dans la voiture et sourit à Dean en bouclant sa ceinture. Ses yeux étaient si brillants que tous ceux qui le voyaient se mettaient à sourire également.

    Dean regarda son Nong dans sa tenue de tous les jours. Il regarda fixement jusqu’à ce que Pharm commence à se sentir nerveux en touchant ses habits avec inquiétude.

    — Il y a quelque chose de bizarre ?

    Pharm était nerveux, mais généralement, il s’habillait de cette manière. 

    Dean démarra la voiture en souriant et secouant la tête. 

    — Ce n’est pas bizarre… mais…

    — Mais ?

    — C’est mignon.

    Pharm roula des yeux avant de se pincer les lèvres, puis il regarda Dean à côté de lui. Aujourd’hui, celui-ci portait une chemise sans col rouge vif, quelques boutons étaient relâchés pour être décontractés, dévoilant une poitrine légèrement musclée. Les manches étaient repliées jusqu’aux coudes et il portait aussi un jean bleu pâle.

    — Phi, tu as l’air bien.

    Dean haussa les sourcils et sourit.

    — Merci.

    Après avoir un peu roulé, les deux décidèrent de garer la voiture sur un parking et de se rendre à Sian en utilisant le BTS (1) afin d’éviter les embouteillages. Pendant la semaine, les trains de la journée étaient remplis de touristes, ce qui les fit se demander s'ils étaient en Thaïlande ou pas. Ils se tenaient tous les deux appuyés contre la vitre qui séparait les sièges et la porte. Dean regardait la personne à côté de la porte qui observait l’extérieur et le paysage. Il remarqua alors que son Nong était tendu.

    — Pharm.

    Dean poussa doucement le jeune homme.

    — Hein ?

    Pharm leva les yeux vers lui.

    Dean lui remit un écouteur en faisant un signe de tête sec pour le forcer à accepter. Pharm le mit dans son oreille droite, pendant que Dean mettait l’autre dans son oreille gauche. Une musique anglaise accrocheuse se fit entendre, les invitant à se relaxer et se détendre. Inconsciemment, ses lèvres se retroussèrent en un sourire qui diminua la tension.

    — Ah !

    La porte s’ouvrit alors que de nouveaux venus montaient rapidement, poussant Pharm jusqu’à ce qu’il se rapproche de la personne à côté de lui.

    Dean baissa les yeux exactement au même moment que les yeux brillants de Pharm se levaient et ils se fixèrent. 

    … Il ne savait pas quel cœur battait le plus vite…

    L’agitation des touristes se mêlaient au bruit des publicités, jusqu’à devenir inaudible alors que deux personnes écoutaient de la musique douce sur le même téléphone. Dean était immobile et regardait la foule, alors que Pharm se tenait à la balustrade près de la porte et regardait par la fenêtre, les joues rouges. Ils ne parlaient pas, ils ne se regardaient pas, mais ils avaient un petit sourire au coin de leur bouche et leurs doigts étaient légèrement entrelacés, cachés aux yeux des gens. Ils s'offraient un moment de tranquillité au milieu du chaos.

    Forever Tea était une nouvelle boutique de deux étages au cœur du Siam. Il n’y avait pas beaucoup de sièges, car le propriétaire ne voulait pas se sentir à l’étroit. La boutique était décorée de bois beige, agréable pour les yeux et de plantes vertes pour rafraîchir l’endroit des températures élevées de Bangkok.

    Dean entra et parla avec son ami avant de lui présenter Pharm. Le propriétaire de la boutique était un homme de grande taille, au teint pâle, et il avait l'air sympathique. Il portait un long tablier noir noué à la taille.

    — Bonjour Nong Pharm. Je m’appelle Sorn, je suis le propriétaire du magasin et l’ami d’enfance de Dean. Tu peux m’appeler Phi Sorn et commande ce qui te fait plaisir, ce type t’invite. 

    Sorn pointa le président du club de natation du doigt, Dean haussa les épaules et s’assit tranquillement en face de Pharm.

    Pharm sourit, légèrement gêné par les yeux vif de Phi Sorn. Il regarda le menu qui avait tant de gâteaux et de plats délicieux qu’il ne pouvait choisir. Il se contentait de tourner les pages du menu d’avant en arrière. Dean regarda son visage rougi par la chaleur et se tourna vers son ami pour commander une boisson en attendant que Pharm ait choisi le repas.

    Une main tenant un thé glacé posa le verre transparent devant Pharm. Le liquide froid se condensait en gouttelettes d'eau sur la surface du verre, incitant le garçon assoiffé à le prendre et en boire une gorgée.

    Dès qu’il l’eut goûté, Pharm ouvrit les yeux et se tourna pour regarder Phi Sorn et Phi Dean qui souriaient en attendant sa réaction.

    — C’est délicieux. Ça sent bon, les fruits mélangés au thé, mais ce n’est pas du tout acide. C’est quel thé ? demanda-t-il curieux en faisant fièrement sourire le commerçant.

    — C’est une thé rouge Oolong aux fruits tropicaux. C’est un peu amère quand on le boit, mais c’est doux sur le bout de la langue, expliqua Sorn. Celui-ci est importé de Taïwan.

    Dean fit glisser son verre dont le contenu était un peu plus foncé vers Pharm pour qu’il puisse essayer. Le jeune oublia d’être gêné, il sourit, prit le verre et le goûta avec un visage détendu.

    — Celui-ci est très bon. Le parfum du thé est amer, mais il donne une sensation de pureté.

    Pharm fixa Phi Sorn jusqu’à ce que celui-ci ne se retourne vers son ami d’enfance, lui demandant silencieusement d’où venait son ami.

    — C’est le thé signature d’un salon de thé Japonais. Il mélange du thé d’Assam et du thé de Ceylan, expliqua-t-il. Celui-ci doit être infusé pendant une nuit pour que la saveur soit douce. 

    Pharm écouta attentivement les explications de Phi Sorn à propos du thé avant que le son de son estomac ne se fasse entendre, faisant rire les deux autres. Il fit la moue, il voulait faire bonne figure, mais il mourait de faim.

    Finalement, c’est Sorn qui leur recommanda des plats pour tous les deux. Une salade de légumes frais au tofu japonais, de petites boulettes de riz farcies au saumon grillé et quelques plats d’accompagnement leur furent servis à table. La présentation des plats était appétissante et la fraîcheur de la nourriture rendit le membre du club de cuisine très heureux. Par curiosité, il commanda également un club sandwich, et bien sûr, le goût était très satisfaisant.

    — C’est bon ? demanda Dean, heureux.

    Il se sentait bien de voir son Nong en train de manger et sourire.

    — C’est très savoureux. Phi Dean, goûte…

    Il souriait largement en prenant une boulette de riz avec ses baguettes et en les portant jusqu’à la bouche de Dean. Il se figea soudain et ne réussit pas à continuer. Il ne savait plus quoi faire, gêné.

    — Tu peux le nourrir. Je ferai semblant d’être invisible. 

    Sorn se tenait là, une tarte à la citrouille à la main, il taquina le jeune homme qui ne pouvait rien faire. Il s’installa à côté de Dean et sourit encore plus largement quand il vit le rouge atteindre les deux oreilles du visage de Pharm.

    — Nourrir qui ? s’écria Pharm tout en posant la boulette de riz dans l’assiette de Dean.

    Dean secoua la tête avant de discrètement donner un coup de pied dans le tibia de son ami sous la table pour le punir. Le propriétaire du salon de thé rit joyeusement en haussant les sourcil en signe de moquerie. Aujourd’hui, Pharm en apprenait beaucoup sur Dean, celui-ci avait vécu avec sa grand-mère depuis qu'il était enfant parce que ses parents étaient trop occupés pour s’occuper de lui. Obligé de suivre partout sa grand-mère, il avait rarement été en contact avec d’autres enfants, car l’adulte rencontrait rarement des jeunes de son âge. Cela avait fait que la personnalité de Dean était parfois trop calme. 

    Phi Dean était également accro au thé à cause de sa grand-mère. Phi Dean aimait la cuisine thaïlandaise à cause de sa grand-mère, elle était une véritable thaïlandaise, elle était très conservatrice et donc elle n’appréciait pas sa belle-fille. Quand son frère et sa sœur étaient nés, ses parents avaient engagé une nounou, mais la grand-mère avait refusé de rendre Dean et avait décidé de l’élever elle-même, provoquant la séparation de la fratrie jusqu’à la mort de la grand-mère quand Dean avait dix-huit ans. Cela avait été compliqué d’être à nouveau réuni avec sa famille.

    Sorn observait curieusement son ami d’enfance et son junior. La douce atmosphère qui se dégageait d’eux le fit affectueusement sourire. Il avait rencontré Dean pour la première fois quand il avait huit ans et Dean cinq. Sa maison était à côté de celle de la grand-mère de Dean, en plus, ils fréquentaient la même école, jusqu’à ce qu’il obtienne son bac. Depuis qu’il était enfant, Dean n’était pas comme tout le monde. Il aimait regarder autour de lui, parfois même il se retournait comme s’il cherchait quelqu’un. Une fois, il lui avait demandé ce qu’il cherchait, mais Dean n’avait pas pu lui répondre.

    Pendant plus de dix ans, il avait vu ce type chercher quelqu’un en permanence…

    — Tu l’as trouvé ?

    Sorn regarda Dean avec bonne humeur en prenant une bouchée de tarte à la citrouille. Il parlait doucement, presque dans un murmure.

    Dean reporta son regard sur la personne à côté de lui et répondit avec un léger sourire.

    — Mmm, j’ai trouvé.

    … La personne que je cherchais depuis longtemps.

     

    Finalement, le repas fut gratuit. Dean et Pharm négocièrent pour payer, mais Sorn n'accepta pas leur argent. En plus, il expliqua qu’il était heureux que son ami d’enfance lui ait amené sa personne importante pour la lui présenter. Demandant son approbation. Pharm était tellement gêné qu’il avait le visage sombre et rouge à nouveau.

    — Il n’est que quinze heures. Où tu voudrais aller ?

    Dean sortit du magasin, les yeux légèrement plissés car le soleil n’avait pas du tout réduit sa luminosité. 

    Pharm s’arrêta pour réfléchir et regarda le centre commercial en face du Siam. L’endroit où il voulait aller apparut immédiatement. 

    — Je… voudrais aller à Ocean World.

    — Hein ? Un parc aquatique.

    Dean fronça les sourcils, surpris.

    — Un aquarium, dit Pharm en riant. C’est sous le centre commercial. J’en ai entendu parler il y a longtemps et je voulais essayer.

    Dean hocha la tête.

    — Ok

    Il prit la main de son Nong et le fit marcher à travers la chaleur, ignorant le regards des passants autour d’eux. Ajoutant de la timidité en plus de la chaleur sur le visage de Pharm, il avait peur de s’évanouir parce que son cœur battait trop vite.

    Probablement parce qu’il était quinze heures un jour de semaine, il n'y avait pas grand monde et seulement quelques touristes. Dès qu’il reçut le ticket pour entrer, il oublia tout et c’est avec enthousiasme qu’il se mit à marcher, traînant à moitié Dean avec lui.

    — Oh Phi Dean, regarde ces œufs de requin.

    Il le poussa à regarder le bassin où se trouvait des œufs de requins exposé par âge. La lumière qui brillait pénétrait dans l'œuf, permettant de voir l'ombre des poissons en train de bouger.

    — Ça fait très extraterrestre.

    Pharm s’exclama en réprimant la chair de poule et en sortant son téléphone pour prendre une photo.

    Dean secoua la tête, mais ne dit rien. Le simple fait de pouvoir regarder Nong Pharm s’extasier devant ce grand bassin était agréable. 

    — Tu veux faire un tour sur le pont pour nourrir les poissons ? suggéra-t-il

    Il était encore très étonné qu’il y ait un aquarium d’une si grande taille au milieu du centre ville. 

    Pharm secoua la tête. 

    — Je préfère regarder. Oh le bassin est si grand.

    Il leva alors les yeux pour apercevoir le plafond du grand bassin, tordant son cou et ses épaules. Pendant que Pharm regardait les poissons nager, Dean prit une photo à contre jour créant ainsi une ombre. Le jeune homme contemplait les poissons comme s'il était dans un monde sous-marin bleu-vert. Son Facebook, qui n'avait pas été mis à jour depuis longtemps, le fut à nouveau. Une nouvelle photo prise en secret y fut postée.

    Rattanon_Dean : Un enfant se réveille sous la mer

    Après avoir terminé le message, il mit son téléphone dans la poche de son pantalon, ignorant les notifications qui arrivèrent rapidement. 

    Ils continuèrent à se promener joyeusement, Dean dût arracher Pharm de la section sur les lézards aquatiques. Ils étaient aussi connus sous le nom de Salamandres et c’était tellement mignon que Pharm voulait en avoir un à la maison. 

    — Phi Dean !

    Pharm s’avança vers un bassin en le tirant par la manche avant de continuer.

    — Ce drôle de poisson est marrant, on dirait qu’il a une moustache autour de sa bouche.

    Dean regarda discrètement l’aquarium alors que Pharm riait tandis que lui et le poisson jouaient ensemble car peu importe où il allait, le poisson le suivait.

    — Est-ce que c’est un chien ou un poisson ?

    — Notre visage est pareil ?

    Pharm fit une grimace en imitant le poisson de son côté de l'aquarium. Dean saisit l'opportunité de prendre immédiatement des photos.

    — Hey, ne prends pas de photo, c’est gênant.

    Pharm courut à la hâte auprès de Dean qui regardait avec satisfaction les photos dans son téléphone. 

    — Phi Deaaaaaan ! s’écria frénétiquement Pharm.

    Ce dernier sautait pour atteindre le téléphone, mais Dean s’amusait à soulever son téléphone pour le tenir hors de portée du plus petit.  

    — Vous vous ressemblez, mais je viens d’en trouver un qui est plus ressemblant.

    — Hein, lequel ?

    Dean prit la main de Pharm et l'entraîna vers un autre bassin, puis il trouva un poisson de la taille d’un poing avec de grands yeux et une bouche qui semblait sourire tout le temps.

    — C’est lui.

    Pharm fronça les sourcils. Soudain, le poisson sembla effrayé et il se gonfla et laissa ressortir des épines sur tout son corps. 

    — Un poisson-globe ! Phi Deaaan !! Où est là ressemblance ?

    Il serra la grande main qui tenait toujours la sienne, sans la lâcher.

    — Quand tu es affolé, tout ton corps gonfle.

    — Phi Deaaaaan !!!

    Pharm ne se souvenait pas combien de fois il avait crié contre le farceur aujourd’hui, mais il était clairement devant une version moqueuse de Dean.

    Après avoir traversé le tunnel, ils regardèrent les requins et les raies s’amuser. Il se glissèrent ensuite dans une grande salle. Pharm s’exclama avec enthousiasme lorsqu’il vit la statue géante dans un grand aquarium.

    — C’est très beau.

    — Phra Aphai Mani.

    Dean se dirigea vers la statue de Phra Aphai et la sirène. Le placement avait été magnifiquement conçu, comme un géant qui tendait sa main.

    Pharm se laissa tomber sur un siège placé devant le bassin. Il regarda les poissons qui nageaient joyeusement. 

    — Quand j’ai lu l’histoire de Phra Aphai Mani, je me suis senti désolé pour le géant. Il aimait, mais a été abandonné. 

    Dean s’approcha et s’assit à côté de lui. Il regarda le grand aquarium avec ses poissons bleus.

    —  La littérature est comme ça.

    Son visage lumineux se tourna pour regarder Pharm qui avait les yeux écarquillés. 

    — Phi Dean, si tu étais le géant. Qu’est-ce que tu aurais fait de Phra Aphai et de la sirène ?

    Dean fronça les sourcils.

    — Je suis plutôt étroit d’esprit, dit-il en faisant mine de réfléchir. Je mangerais probablement la sirène et garderait à nouveau Phra Aphai en captivité.

    — Hmmm.

    Pharm hocha la tête.

    — Et si c’était toi …

    — Je les mangerais tous les deux, répondit-il immédiatement avec un doux sourire. Je n’aime pas les gens qui sont infidèles. S’il y avait une autre personne que moi, je ferais mieux de les manger tous les deux.

    — Tu es tellement féroce, dit Dean en riant à gorge déployée. Mais c’est bon.

    Les yeux de Dean rencontrèrent ceux de Pharm avant de parler à nouveau.

    — Et bien, je ne suis pas infidèle.

     

    Discrètement, Pharm prit une profonde respiration tout en marchant le long du chemin. Ce foutu cœur battait toujours aussi vite depuis tout à l’heure.

    Et bien… je ne suis pas infidèle.

    Oye, Pharm secoua presque sa tête, il savait que Phi Dean ne trichait pas, car il n’avait jamais eu de mauvaise rumeur sur lui. Les seules nouvelles qui le concernaient avaient un rapport avec les compétitions de natation. Pharm n’était pas innocent au point de ne rien connaître. Il était loin d'être assez stupide pour ne pas savoir que ce que Phi Dean et lui faisaient c’était "flirter" et que ça évoluait constamment. Ils se voyaient, discutaient matin et soir, s’emmenaient, se ramenaient, se tenaient par la main et maintenant ils étaient à un rendez-vous.

    Il était heureux, mais aussi effrayé. Ce n’était pas qu’il ne faisait pas confiance à Dean, mais quelque chose le retenait, comme une chaîne invisible. 

    Pharm ralentit et regarda derrière lui. Phi Dean le suivait, gardant comme toujours une distance entre eux. Cet homme savait quand attaquer et quand se retirer pour le laisser respirer et avoir l’espace nécessaire pour réfléchir.

    — Nong Pharm.

    — Oui ?

    La voix de Phi Dean le tira de ses pensées et il s’arrêta quand il lui tint son poignet.

    Dean hocha la tête vers un grand réservoir qui contenait de nombreuses méduses. Cette pièce était plongée dans l’obscurité. La lumière noire aidait à éclairer d’une lumière bleu-rouge les douces créatures qui s’y trouvaient.

    C’était comme être dans l’espace…

    — Asseyons-nous, tu veux ?

    Dean lui prit doucement le coude et Pharm le suivit facilement.

    Ils s’assirent tous les deux sur le banc devant l'aquarium des méduses et les regardèrent nager. Ils entendirent la voix d'un petit garçon qui parlait à sa mère, frustré par le contenu avant de sourire en s'éloignant progressivement, laissant les deux hommes en silence.

    — C’est magnifique.

    Une voix très basse retentit.

    — C’est comme une danse.

    Ils observaient les méduses qui se déplaçaient comme des tissus transparents, ondulant dans l'eau. Pharm éclata de rire.

    — Elles dansent dans tous les sens.

    — Ça semble confus…

    — … Comme ce que tu ressens en ce moment ?

    Pharm fut surpris, il se tourna pour regarder la personne assise à côté de lui, les yeux pleins de questions. 

    — Qu’est ce qui t’inquiète ?

    Les beaux yeux de Dean étaient maintenant aussi profonds que la mer.

    — J’ai… commença-t-il, ses mains posées sur le banc tremblaient. … peur.

    Dean le toucha de ses doigts aussi froids que réconfortants. Son visage acéré se rapprocha jusqu’à ce que le bout de leur nez se heurte presque. 

    — Tu me fais confiance ?

    Le cœur tremblant se réchauffa. Les grands yeux confus se calmèrent peu à peu et ses paupières fines se baissèrent lorsqu’il sentit l’haleine chaude de Dean effleurer sa joue. Pharm hocha lentement la tête en guise de réponse. 

    — Je suis juste là, murmura-il en effleurant sa tempe avec ses lèvres. Tu n’as plus rien à craindre.

    Il déposa un baiser sur la légère marque au niveau de la tempe de Pharm. Appuyant ses lèvres jusqu’à ce que ce dernier ne gémisse doucement. 

    — Pas plus…

    Ses yeux papillonnaient, son coeur battait vite. La main de Dean s’entrelaça au bout des doigts de Pharm alors que l’autre traçait les contours nets de son visage, comme s’il explorait, il toucha son menton, l’arête de sa mâchoire, jusqu’à sa tempe, traçant du bout des doigts la tache de naissance de Pharm.

    L’haleine chaude et le bout du nez touchaient la joue de Pharm. Leurs cœurs battaient à l’unisson et cela devenait de plus en plus rapide. Leurs désirs les plus profonds criaient jusqu’à ce que leurs corps tremblent alors que des souvenirs flous se mélangeaient.

    — Phi…, appela Pharm.

    Dean prit une profonde inspiration, se sentant comme s’il allait se noyer. Il toucha le menton de Pharm, le soulevant un peu en laissant glisser le bout de son nez sur sa joue.

    … glisser jusqu’à ses lèvres.

    — Maman, le poisson porte une jupe !!!!!!!!!

    Une petite voix joyeuse d’enfant retentit au loin, tirant les deux jeunes hommes de leur rêverie. Tous deux détournèrent précipitamment la tête, à bout de souffle et réprimant leur excitation. 

    Le moment le plus chaud de la vie de Pharm fut gâché. Il serra les poings, il voulait frapper la vitre et laisser les méduses s’échapper. 

    Il avait presque…

    failli… 

    l'embrasser.

    Ouaaaaaaaaaah

    Plus il y pensait, plus il paniquait, gêné d’avoir voulu casser la vitre. Ses mains étaient moites et tremblantes, mais le plus important était… la grande main de Dean qui le tenait toujours et ne voulait pas le lâcher. 

    — Pharm ? appela Dean vers son Nong qui baissait la tête.

    Il était inquiet parce qu’il pouvait sentir que ses mains tremblaient.

    — Pharm ? répéta-t-il.

    Pharm leva le visage vers Dean qui fut surpris. L’obscurité l’empêchait de voir clairement le visage de son Nong, mais il était certain qu’il était devenu définitivement rouge. 

    — Phi Dean.

    Pharm l’appela si sérieusement que le jeune homme se tendit immédiatement. 

    — Oui.

    Les yeux brillants de Pharm le fixaient, puis le membre du club des dessert thailandais repris la parole. 

    — Tu aimes manger de la salade de méduses ?

     


    Notes

    1/ BTS ou Bangkok Mass Transit System  est le métro aérien mis en place en 1999 par la ville et qui suit les grands axes routiers sur une distance d’environ 50 km.

    2/ Phra Aphai Mani est un poème épique de 48 700 lignes composé par le poète thaïlandais Sunthorn Phu, connu sous le nom de "barde de Rattanakosin". Il est considéré comme l'une des épopées nationales de la Thaïlande. Avec 48 686 couplets, il est répertorié comme le plus long poème unique thaïlandais. Suthorn Phu a commencé à travailler sur cette épopée fantastique à partir de 1822 et a mis 22 ans à la terminer. C'est aussi l'un des folklores thaïlandais bien connus qui a été fortement adapté dans les films et les bandes dessinées.



  • Commentaires

    6
    Vendredi 8 Juillet 2022 à 11:45
    Merci pour ce chapitre j aime toujours autant cette histoire
    5
    Jeudi 7 Juillet 2022 à 11:12

    C'est toujours aussi agréable et doux à lire. merci pour la traduction =)

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    4
    Mardi 31 Août 2021 à 15:36

    J'attends la suite avec impatience.

    J'adore tellement ce BL et pouvoir le lire est un réel plaisir.

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    3
    Dimanche 8 Août 2021 à 17:35

    Oh, ils se sont presque embrassés....

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